DANSE | SPECTACLE

Oscyl

07 Oct - 07 Oct 2018

Sur scène : quatorze présences. Sept danseurs et sept sculptures anthropomorphes, entre marionnettes et culbutos autonomes. Conjuguant danse contemporaine et sculpture, avec leur pièce chorégraphique Oscyl, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux explorent la construction du rapport (mouvementé) à l'altérité.

Conjuguant danse contemporaine et arts plastiques, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux présentent le spectacle Oscyl. Une création pour quatorze présences. Sur scène, sept danseurs et sept sculptures. Inspirées par l’œuvre Entité ailée d’Hans Arp, les structures à taille humaine réalisées avec l’artiste Stéphane Pauvret donnent leur titre à la pièce. Elles se nomment oscyls, pour leur capacité à osciller au contact des danseurs. Entités biomorphiques, elles flirtent avec ce statut singulier d’œuvre d’art : mi-objet, mi-personne. Présences chorégraphiques, le poids de leur corps se concentre en leur base, avec un centre de gravité proche du sol. À la façon du culbuto ou du Gömböc, les oscyls basculent ainsi sans tomber, comme aimantés au sol. Espace de jeu, la scène devient alors le lieu d’une expérimentation collective. Et entre ces quatorze entités mouvantes, les combinaisons se multiplient. Accessoires, prothèses ou jouets, la taille des oscyls interfère avec la perception de l’échelle.

Oscyl d’Héla Fattoumi et Eric Lamoureux : une création pour quatorze présences

Avec leurs formes ludiques et girondes, les oscyls transforment presque les danseurs en enfants. À la manière des chaises et tables géantes. Entre mannequins et marionnettes, les danseurs les manipulent, les testent, se les disputent. Tandis que le mouvement de balancement prolongé leur confère une étrange vie autonome. Équilibre, déséquilibre, défi, retournement, port… Les modalités d’interactions se multiplient. Comment ne pas alors penser à une métaphore de l’intelligence artificielle : entre altérité, anthropomorphisme et autonomisation ? Ici le groupe, composé de quatorze entités, explore ses possibles. Et pour les sept danseurs d’Oscyl, il y a comme une incitation à explorer l’humanité. Les spécificités du mouvement, de la souplesse ou au contraire de la saccade, les articulations et désarticulations… Entre imitation et émulation, entre complémentarité et compétition, les liens noués se métamorphosent au fil du spectacle.

Entre Soi et altérité : des oscillations chorégraphiques aux émotions complexes

Sur une composition sonore d’Éric Lamoureux et Jean-Noël Françoise, Oscyl bouscule ainsi les rythmes et dynamiques. L’énergie du groupe impulse à son tour un mouvement distinct à ces autres que sont les oscyls. Entre silences attentifs et musiques aux tonalités galopantes, évoquant tour à tour la chaleur du oud arabe ou la frénésie métallique de Kraftwerk, Oscyl transcrit la découverte. Celle de l’autre, et celle de soi-même à travers l’autre. Un long chemin a été parcouru depuis l’hymne mi-sérieux, mi-ironique de Kraftwerk, Die Roboter (1978). Les danseurs d’Héla Fattoumi et Eric Lamoureux n’affirment pas We are the robots [Nous sommes les robots], pourtant quelque chose de cette interrogation affleure. Même si les formes des oscyls sont ergonomiques et sensuelles, loin de la raide saccade du robot en fer-blanc des années 1920. Le fantasme et l’appropriation, l’étonnement, l’asservissement, l’attention… Avec Oscyl, la danse sert de véhicule à des émotions complexes.

Itinéraire du spectacle :
– Musée d’Art Contemporain de Strasbourg (avec Pôle-Sud – CDCN), le 7 octobre 2018.
– Théâtre National de Chaillot (Paris), du 22 au 24 février 2018.

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