ART | CRITIQUE

Guten Morgen Erwachen

Vernissage le 18 Oct 2007
PEmmanuel Posnic
@12 Jan 2008

Katja Strunz cherche avant tout à comprendre dans quelle mesure l’histoire de l’art interfère dans la production de l’œuvre. Comment le «nouveau» fait-il écho à la créativité? Son travail se situe à la connexion de la tradition et du nouveau.

D’une certaine manière, Katja Strunz antidate ses œuvres. Ses tableaux et sculptures opèrent des traversées dans le temps (du présent au passé et inversement) qui obligent le spectateur à se poser la question de la réincarnation et de l’historicisation de l’œuvre d’art.

Pour être plus juste, plutôt que d’antidater, l’artiste allemande brise les repères historiques en reprenant des pratiques validées par l’histoire de l’art. Elle convoque El Lissitsky et le Bauhaus, se penche sur le minimalisme et la profusion du postmodernisme, aborde le hiatus du tableau-sculpture de la mouvance pop. Son tour d’horizon glisse sans complexe sur l’iconographie du XXe siècle sans pour autant s’en satisfaire.

Car Katja Strunz cherche avant tout à interroger le statut de l’œuvre d’art : dans quelle mesure l’histoire de l’art interfère dans la production de l’œuvre? Le «nouveau» est-il une fin en soi, doit-il faire écho à la notion de créativité ? Katja Strunz situe justement son travail dans cet interstice, à la connexion de la tradition et du nouveau.

Et si les artifices sont de mise chez elle (vieillissement volontaire de ses pièces, utilisation de cadres à l’envergure baroque, «réplique» de tableaux et citation d’un corpus de formes historiques), ses œuvres finissent par rediriger le curseur vers le présent et la réalité @@ d’un espace à mettre en scène.

Dès lors, ses sculptures prennent une véritable densité physique et dramatique, aidées en cela par un travail de composition très précis qui fait s’entremêler la nature des différents matériaux. Les postures se font plus menaçantes, leurs rayonnements dans l’espace encore plus hypnotiques. Cette énergie contenue se déploie dans des lignes acérées, tendues, coupantes au point de sembler s’accrocher à la paroi.

A d’autres moments, les sculptures se font plus massives, assurent une assise plus sereine mais sans se confondre dans la stabilité. Comme s’il s’agissait de rester aux aguets, comme si les formes n’avaient de cesse d’opérer des mouvements : de haut en bas, de gauche à droite, du passé au présent.

Katja Strunz
— Sans titre, 2007. Métal vernis. 89 x 63 x 26 cm
— Trauma, 2007. Acier, cire.186 x 210 x 163 cm. 231 kg.
— Zeittraum, 2007. Techniques mixtes, 17 parties. Longueur 10 m.
— Reversion, 2007. Acier, cuivre. 225 x 206 x 110 cm.
— Faltgestalt. Peinture sur bois plaqué en deux parties. 204 x 53,5 x 35 cm.
— Faltgestalt. Peinture sur bois plaqué en deux parties. 204 x 53,5 x 35 cm.

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