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Guillaume Moschini

11 Avr - 24 Mai 2014
Vernissage le 11 Avr 2014

L’œuvre de Guillaume Moschini puise ses forces dans la peinture abstraite américaine. Dans ses peintures travaillées en série, la couleur s’impose comme le moteur de sa pratique artistique. Quant aux formes, les rectangles distordus, toujours présentés par deux, constituent un motif récurrent qui se décline à l’infini sur ses toiles.

Guillaume Moschini
Guillaume Moschini

La peinture est pour Guillaume Moschini un métier à part entière. Sa fabrication, ordonnée et pensée de bout en bout, détermine simultanément l’objet fini et sa lecture. Tout compte de la tension de la toile à son accrochage en passant par le travail de sa tranche, une fois tendue sur le châssis.

Tous les choix techniques sont pensés pour aboutir à un résultat esthétiquement et conceptuellement convaincant. La simplicité apparente du résultat final dissimule une vigilance et une exigence exercées à chaque stade de la création. Les peintures sont travaillées en séries et chaque série a son processus propre. On repère cependant quelques constantes.

Avant de commencer une série, l’atelier est toujours rangé. La scansion doit trouver son tempo dans un espace libéré. Ce sont ces temps de pose, de réflexion, de peinture «à blanc» qui forment le quotidien de la peinture de Guillaume Moschini. Ensuite, pour chaque série, l’artiste cherche la bonne tension de la toile, le bon pinceau, les bons outils en fonction du format, généralement de type marine. La peinture, ou plus souvent l’encre, vient toujours sur la toile brute. Plus justement, la couleur est posée sur la toile. La couleur est le moteur même de sa pratique. Parfois déposée à l’aide d’une racle, outil utilisé essentiellement dans les techniques de gravure à plat (lithographie, sérigraphie, etc.), il est difficile de ne pas rapprocher la peinture de la sérigraphie, technique également pratiquée par l’artiste.
Mais ici, aucun intermédiaire, pas même celui de l’écran. C’est à main levée, d’un geste précis et exercé que la racle, le pinceau ou tout autre outil vont produire la forme ou plutôt les formes. Toujours deux. Deux formes, deux couleurs. Parfois, la difficulté du choix impose celui du monochrome.

Parlons-en de la couleur. Tons rompus ou éclatants, accords feutrés ou grinçants, paires grinçantes ou harmonieuses, la palette est vaste, seulement restreinte à la série. La couleur, le ton, une fois choisis, presque instinctivement, comme nécessaires, sont inventés pour chaque nouvelle suite. Ces deux fameuses formes, rectangles distordus, sortes d’amorces de geste générique du peintre, se déclinent à l’infini. D’une certaine manière, elles s’opposent sur la surface de la toile en ce sens qu’une est ascendante et l’autre descendante. Mais elles peuvent aussi se compléter, par leur couleur ou leur valeur, creuser la surface du tableau, le désosser, le déstabiliser. Le processus est simple, le résultat de son application illimité.
Pour certaines séries c’est le dessin qui intervient, pour d’autres, c’est le rapport du positif au négatif ou encore la trace, le report, la mémoire, la réserve. Mais ce n’est pas la juxtaposition seule de ces deux formes qui fait le tableau.

L’élaboration d’une telle peinture se stratifie au contact de ses contemporains. Guillaume Moschini a intégré, inconsciemment, le principe essentiel des artistes de la génération précédente à savoir que la méthode fait œuvre. Mais de ses prédécesseurs et professeurs, comme BMPT ou Supports-Surfaces, il a davantage appris et retenu une liberté et une curiosité à l’endroit de toutes les pratiques artistiques et une ouverture sur la réflexion artistique qu’un procédé d’exécution.
C’est plutôt dans la peinture abstraite américaine qu’il puise ses forces et stimule son appétit de travail. Morris Louis, Kenneth Noland ou encore Ellsworth Kelly pour ne citer qu’eux, sont des peintres de la couleur et c’est bien ce matériau qui fait vivre le travail de Guillaume Moschini.

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