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Good city for dreamers

14 Avr - 21 Mai 2011
Vernissage le 14 Avr 2011

Les quatre artistes iraniens réunis ici mêlent rêve et réalité, les uns par la sobriété de l’image réelle et les autres par des fabrications surréelles. Ils constituent un imaginaire tangible qui reflète les souffrances, la lassitude et les préoccupations d’une société.

Communiqué de presse
Arash Hanaei, Abbas Kowsari, Mamali Shafahi, Newsha Tavakolian
Good city for dreamers

«La ville pour les rêveurs» nous emmène à travers les images des femmes et des hommes qui la peuplent, dans un univers où la frontière entre le réel et le rêve a disparu et où la réalité de l’image se nourrit d’irréel, tandis que le surréel sert à dépeindre la pire des réalités. Ville de contrastes, la Téhéran d’aujourd’hui cherche une image d’elle-même dans un combat de classes mais aussi dans la quête de nouveaux désirs, de nouveaux symboles… et de nouvelles formes de beauté.

Deux des quatre artistes de Téhéran, «la ville pour les rêveurs», scrutent l’évolution des identités au sein de la mégapole. «Le jour où je suis devenue une femme» de Newsha Tavakolian met en image la «cérémonie du devoir», Taklif en persan, un rite de passage où la jeune fille de neuf ans, l’âge de la puberté religieuse, doit prendre conscience de ses devoirs religieux mais aussi de sa féminité, de ses attributs féminins dont l’apparition ne respecte pas toujours le calendrier divin.

L’image angélique qui est celle de la jeune fille, ses ailes de papillon, son Tchador blanc ne sont pas loin de nous rappeler les hérésies pasoliniennes de l’Italie des années 70. La fille de Newsha oscille entre deux univers, celui de l’espace intime, de sa Barbie aux robes colorées, et celui que lui impose une morale érigée en institution et qui tend à faire d’elle une fille sainte aux allures d’ange. Newsha nous montre à travers cet intermède et avec beaucoup de sagacité le tiraillement identitaire, la schizophrénie en germe dès cet âge et qui seront les jougs de la Madone de demain.

A côté de cette  innocence en danger, Abbas Kowsari excelle à exhiber des corps d’homme en quête de perfection dans ses séries de «Masculinité». Entre les étoiles et la terre, les hommes «parfaits» de Kowsari sont des modèles dont l’utopie de la perfection semble être au cœur de l’image de l’homme dans la société iranienne. D’un côté, une masculinité hypertrophiée par l’exercice physique et de l’autre, une attention toute féminine nous dit la tradition, accordée à l’embellissement du corps. L’homme de Téhéran est devenu un élément de la beauté urbaine. Il a ses lieux de culte avec l’apparition aux quatre coins de la ville de centres d’entrainement physique. Les hommes rêveurs de Kowsari travaillent leur corps dans un huis clos où les frontières du désir modifient parfois les limites traditionnelles entre masculinité et féminité.

Traversons Téhéran avec Arash Hanaei et sortons de Téhéran avec Mamali Shafahi pour mieux redessiner la carte du pays. La traversée d’Arash nourrit un dialogue avec la ville où se dessinent les contrastes, en noir et blanc, entre le nord cossu et le sud déshérité. Dans un voyage introspectif, un jour de deuil d’Achoura, l’artiste devient un témoin impuissant et les cris sourds de son art ne résonnent que dans ses propres oreilles. La capitale mène sa vie avec ses géants puissants; l’artiste la sienne, dans une voiture errante dont le passage dans la ville n’est tangible que pour lui-même.

Mamali Shafahi construit «le Pont des cinq corps», charnier de corps suppliciés par la guerre et les expériences de la terreur. Il joue avec les villes de son pays et les relie par les figures de martyre de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Il désacralise l’image inviolable du martyre pour accéder à l’expérience personnelle de l’homme face à ses peurs, face à son inéluctable disparition. Mamali nous rappelle aussi par ce jeu combien l’expérience de cette souffrance commune a contraint la nation iranienne à reprendre corps après l’avènement de la République qui semblait l’avoir déchirée.

Les quatre artistes de Téhéran mêlent rêve et réalité, les uns par la sobriété de l’image réelle et les autres par des fabrications surréelles. Ils constituent un imaginaire tangible qui reflète les souffrances, la lassitude et les préoccupations d’une société; l’artiste semble vouloir exprimer ses aspirations au travers d’une vision onirique.

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