ART | EXPO

Goldbarrgorod

02 Juil - 17 Oct 2010
Vernissage le 01 Juil 2010

L'univers de Nicolas Moulin est par essence une interzone où toute trace humaine semble avoir disparu au profit de paysages ou d'architectures propices aux récits et aux fantasmes.

Nicolas Moulin
Goldbarrgorod

L’univers de Nicolas Moulin est par essence une interzone où toute trace humaine semble avoir disparu au profit de paysages ou d’architectures propices aux récits et aux fantasmes.

Cette désorientation autant sensorielle que temporelle passe généralement par des effets d’altération de l’échelle, des jeux de fausse symétrie ou de vraies métamorphoses destinées à troubler notre perception des choses.

Il en résulte un travail marqué par l’illusion dans lequel les éléments identifiables ne sont que de faux-semblants, destinés à amplifier un sentiment de perte de repères.

Ce sentiment d’illusion et d’abandon se retrouve dans l’immense sculpture présentée dans la Galerie carrée du centre d’art de la Villa Arson. Goldbarrgorod est produite avec un grand nombre de carcasses métalliques de matériel informatique.

Elle est impressionnante par son volume et fragile par sa construction. Son dessin et son évidente radicalité rappellent les principes de l’architecture brutaliste qui sont à l’origine même de la construction de la Villa Arson dans les années 1960.

Mais Goldbarrgorod peut aussi évoquer un camp militaire désaffecté, une sculpture minimaliste fantôme, ou un jeu de Meccano géant dont on aurait supprimé les effets ludiques.

Cependant, le plus troublant dans cette sculpture est sa façon de fonctionner comme un vestige et un monument à la fois, matérialisant avec une grande économie de moyens l’obsolescence accélérée des outils informatiques –et donc de mémoire et de transmission– que nous créons et utilisons en permanence.

Depuis maintenant une quinzaine d’années, Nicolas Moulin développe une poétique de la désuétude, où tout ce qui est à peine construit est aussitôt perçu comme un vestige de notre histoire.

Sa part d’entropie se mesure au degré d’hypnose idéologique que les utopies esthétiques ou politiques ont volontairement entretenue tout au long du XXe siècle.

En ce sens, son travail est proche de l’univers de la science-fiction, notamment de l’écrivain Philip K. Dick, connu pour avoir abordé dans ses ouvrages les questions de l’uchronie (visiter le futur tout en interrogeant la passé) et de l’ubiquité (la multiplication de la présence dans plusieurs espaces).

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