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Gläserne Bienen

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

En plaçant son exposition sous le patronage d’Ernst Jünger, Ulrich Lamsfus joue sur les codes de la peinture et de l’histoire de l’art occidental, de la peinture d’histoire à la nature morte en passant par le portrait. Pour montrer l’artifice qui se cache derrière les images…

Ulrich Lamsfuss place son exposition sous le patronage d’Ernst Jünger et de son roman Les Abeilles de verre / Gläserne Bienen. Cette référence ancre l’œuvre dans une perspective historique puisque Jünger fut l’un des témoins privilégié de l’histoire de l’Allemagne au XXe siècle.
Il fut d’ailleurs une figure complexe, polémique, pris entre sa haine pour Hitler et certains écrits nationalistes. Peut-être est-ce cette complexité que cherche à produire Ulrich Lamsfuss avec sa peinture s’emparant de l’iconographie de notre société (mode, publicité, presse…) : que disent les images que nous produisons ? À quelle idéologie se réfèrent-elles et dans quel but ? Peuvent-elles avoir plusieurs sens ?

Ces questions peuvent éclairer l’œuvre de Ulrich Lamsfuss et lui donner du sens. Ainsi, Lamsfuss présente sous forme de petits dessins une sorte de panthéon iconographique personnel où l’on croise aussi bien Karl Marx, Leigh Bowery, Liz Taylor ou Jack Nicholson.
La philosophie politique, l’art et le cinéma sont sur un même plan. Ces dessins sont presque tous accompagnés d’une écriture graphique au crayon, par laquelle l’artiste s’approprie les images qu’il croque. Il ne s’empêche pas de reprendre certaines photographies célèbres à l’image de la photo de Brassaï de Kiki de Montparnasse…

L’équivalence formelle entre l’art, l’histoire et la mode se retrouve dans l’accrochage de ses tableaux. En effet, un immense tableau représentant douze mannequins posant pour un magazine de mode côtoie des mises en scène reprenant des publicités, sans oublier la peinture d’une scène de guerre rappelant les images de presse de la guerre du Viêt Nam.
Ce jeu de mise à proximité paradoxale se retrouve dans une fausse nature morte où un pot de fleurs contenant de beaux lilas au centre du tableau est accompagné d’un tube d’aspirine, et d’un canard en plastique.

Ulrich Lamsfuss joue sur les codes de la peinture et de l’histoire de l’art occidental, de la peinture d’histoire à la nature morte en passant par le portrait. Il cherche à montrer l’artifice qui se cache derrière la fabrication d’une image, à commencer par celles des peintres.
Il rend outrageantes les images qui nous entourent et leur fait perdre leur pouvoir. La technique picturale qu’il utilise, entre hyperréalisme photographique et représentation du corps humain pouvant faire penser à Lucian Freud, est du même ordre que les images qu’il crée : une image est toujours figure et discours, aspect visuel et pensée dérobée.

Ulrich Lamsfuss
— Christopher Williams (Artforum Cover April 2006), 2006. Huile sur toile. 55 x 45 cm
— Franziska Sinn, Ulrich Lamsfuss, Kaffee find’ ich gut, 2007. Huile sur toile. 180 x 180 cm
— John Midgley, Louis Boston, 2006. Huile sur toile. 120 x 90 cm
— Eugene Hoshiko (AP), Tsunami/Banda Aceh, 2007. Huile sur toile. 200 x 250 cm
— Jeff Wall, Young Workers, 2005. Huile sur toile. 35 x 35 cm
— Geo Nr10 Oktober 1994, Keilkopf Wasserfrosch (Rana Sphenocephala) Huile sur toile. 35 x 35 cm
— Geo Nr10 Oktober 1994, Keilkopf Wasserfrosch (Rana Sphenocephala) Huile sur toile. 35 x 35 cm

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