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08 Mar - 26 Avr 2008
Vernissage le 08 Mar 2008

Gilles Verneret dit faire un travail très «primitif», un travail dans lequel l’image naît de l’effleurement d’un paysage aimé, de l’intensité de l’affect suscité par le corps-à-corps avec les choses, infiniment désiré, toujours refusé.

Gilles Verneret
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Gilles Verneret dit faire un travail très «primitif», un travail dans lequel l’image naît de l’effleurement d’un paysage aimé, de l’intensité de l’affect suscité par le corps-à-corps avec les choses, infiniment désiré, toujours refusé.
Garder trace de cet élan, prendre l’empreinte de cet en-avant du désir et de ce qui l’entrave, tel est l’enjeu. Sauvegarder ce qui peut l’être de l’instant qui bascule, de la lumière qui s’échevèle sur les crêtes lorsque vient le soir d’une journée splendide, de la route qui bifurque, n’est-ce pas la raison d’être de toute prise photographique, la raison simple et profonde qui nous fait remplir d’images des albums ?

«Cela n’a d’intérêt que parce que c’est de la photo», dit Gilles Verneret. Et cette photo, il l’entend comme trace de traces, témoignage humain de ce que l’homme fait au monde.

De là le refus de passer par-dessus ce qui pollue le champ visuel, de nier ou de dissimuler ce qui fait barrière. La nature en elle-même nous est inconnaissable : notre regard seul la transforme, la déflore. Elle est en elle-même infiniment pure, pour nous nécessairement souillée, hérissée de barbelés, aplanie et nivelée par des rubans d’asphalte mordant dans ses reliefs, couverte de débris. Il faut aimer cette souillure (et le mot doit d’ailleurs se comprendre comme dépouillé de toute implication morale), ainsi que la photographie qui la répète et la formalise, car elle est le mode même  sur lequel se bâtit notre rapport au monde.

Le paysage esthétisé, image traditionnelle d’une nature parfaite, infiniment découpable en cartes postales aux ouvertures séduisantes sur les flots scintillants, aux rocs altiers impeccablement cadrés, relève d’une aimable fiction artistico-touristique, au kitsch inlassablement réitéré, d’un mensonge dont l’éthique du photographe ne saurait s’accommoder.

Est-ce à dire que le travail de Gilles Verneret, a-conceptuel et instinctif, serait totalement hasardeux ?
Non. Le refus du formalisme et de la composition esthétisante n’est pas antinomique de l’émergence d’un «punctum», « signifié maximum qui recentre tous les éléments [visuels] autour de lui» et par rapport auquel opérateur et spectateur se positionnent.
Ainsi, au-dessus de la route de Corse, juste à l’aplomb de la ligne pointillée au moment où elle se perd dans sa propre courbe, s’élève une lune minuscule et pâle, presque indistincte et, en conséquence, intensément signifiante. Elle fait signe, oui, mais comme toute image photographique, ne fait signe que vers elle-même en tant qu’empreinte impossible – intraduisible pensée écrite en couleurs, formes et lignes de forces.

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