ART | CRITIQUE

Gilles Saussier, Katharina Ziemke, Brian Belott

PNicolas Villodre
@17 Juil 2009

Une pouliche, Katharina Ziemke, et deux poulains, Brian Belott et Gilles Saussier: un choix assumé parmi la vingtaine de protégés de la galerie, qui a le mérite de parfaitement résumer la collection de cette saison.

Katharina Ziemke peint encore. À l’huile. Avec des rehauts de pastel —à moins que ce ne soit l’inverse. Ce qui floute ses portraits, floue ou dupe le spectateur au passage. Les visages, aux limites de la monochromie paraissent plus cireux, hâves, morbides les uns que les autres (le garçon blond aux yeux bleus et au nœud papillon est dominé par le rose, l’imprimé vert de la robe plissée de la jeune femme tenant à la main le grand livre rouge l’emporte sur les autres teintes, le rouge-oranger baigne toute la scène des deux jeunes gens jouant avec un chiot).
Les compositions, à base de référents peut-être bien piochés chez Google images, font aussi l’objet de recadrages. Ces partis-pris stylistiques, les images vaporeuses, les visages nacrés, les effets réducteurs tant dans la chroma que dans la délimitation du champ visuel, finissent par produire, il faut bien le reconnaître, une certaine étrangeté.

Brian Belott est plus léger. Dans tous les sens du terme. Il ne donne pas vraiment l’impression de s’angoisser ou de se forcer. Le garçon un peu poupin se borne à faire des collages en découpant ou en déchirant à la main ses tigres en papier et, le cas échéant, en rajoutant une couche de peinture. Ou bien quelques traits de crayon. On est téléporté à l’époque psychédélique, on y sent l’influence des yantras et de l’art déco. Les références au rythme en général et à la musique en particulier sont récurrentes.

Gilles Saussier bénéficie d’une salle à part qui valorise comme il faut les cinq tirages couleur résultant d’un séjour au Bangladesh dans les années 90. Les portraits sont imposants, en grand format, cadrés serrés, éloquents. Le photographe file la métaphore cartographique. Le visage parcheminé de l’autre, fixé avec justesse par l’objectif de l’appareil 24 x 36, à une certaine distance donc, dans une proximité sans aucune familiarité, peut aussi se lire comme une mappemonde ou un plan.

Brian Belott
— Untitled, 2009. Collage. 139 x 155 cm.
— Untitled, 2009. Collage. 131 x 196 cm.

Katharina Ziemke
— Dogeater, 2009. Pastel. 112 x 90 cm.
— Maratre, 2009. Pastel. 44 x 55 cm.

Gilles Saussier
— Sans titre. Impression pigment sur papier fineart baryta 325 g. 140 x 100 cm.
— Anowara Begum, Char Bangla, Golachipa Thana, Patuakhali District. Impression pigment sur papier fineart baryta 325 g. 140 x 100 cm.

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