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Gilles Caron. Le conflit intérieur

09 Oct - 09 Jan 2016
Vernissage le 08 Oct 2015
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On a tous vu les clichés de Gilles Caron, illustre reporter de guerre qui a couvert la plupart des conflits du XXème siècle après la Seconde Guerre mondiale. Les séries de ses dernières années – avant qu’il ne disparaisse au Cambodge –, révèlent les doutes et l’introspection qui habitaient les photoreporters à la fin des années 60.

Gilles Caron. Le conflit intérieur

Mémoire visuelle d’une époque, Gilles Caron (1939-1970) a relaté par l’image la chronique des grands conflits contemporains (guerres des Six Jours, du Vietnam, au Biafra et en Irlande du Nord, Mai 68, répression du Printemps de Prague). Il finira par payer cet engagement de sa vie, lors d’un reportage au Cambodge.

Pendant la guerre des Six Jours et au Vietnam, au début de sa carrière, son intérêt se porte sur des figures inactives – militaires ou prisonniers – absorbées dans leurs pensées, en train de lire, d’écrire ou de méditer. Pendant la guerre du Biafra, Caron se révèle très sensible à la condition des enfants et autres victimes. En Mai 68 et en Irlande du Nord, il accorde beaucoup d’attention à ces acteurs emblématiques que sont les lanceurs de pavés ou de cocktails Molotov, incarnations de la guérilla urbaine. Son inventivité n’apparaît jamais mieux qu’à l’occasion des reportages réalisés dans les combats de rue, où son objectif transforme les manifestations en véritables chorégraphies.

Reporter de guerre, régulièrement confronté à des situations extrêmes, Caron n’est pas pour autant indifférent au spectacle des sixties, à la Nouvelle Vague et aux stars de la jeune scène musicale. Il lui arrive de travailler comme photographe sur les plateaux de Godard ou de Truffaut et même comme photographe de mode. Ce détour par le cinéma et la mode peut sembler très différent du reste de son travail. Il n’est cependant pas sans laisser de traces dans son langage formel, comme en témoignent ses reportages des manifestations au quartier Latin ou en Ulster.

L’exposition s’achève sur un portrait anti-héroïque du reporter-photographe. Cette conclusion, capitale pour l’histoire du photojournalisme, démontre que la conscience de Caron et d’autres reporters devient à la fin des années 1960 une conscience malheureuse. Culpabilisatrice, narcissique, parodique ou ironique… on ne sait plus vraiment quelle image ils se font finalement d’eux-mêmes.

Regroupant 150 images et documents d’archives provenant de la Fondation Gilles Caron, de la collection du musée de l’Elysée et de collections privées, l’exposition propose un parcours en six temps permettant de redécouvrir l’un des plus importants reporter-photographe du XXème siècle.
1. Héroïsme. La conscience de l’événement
2. Regard intérieur. L’Homme aux prises avec l’Histoire
3. Douleurs des Autres. Figures et icônes compassionnelles
4. Révolte. Manifs et guérillas: l’icône du lanceur
5. Nouvelle Vague. Passion de la jeunesse sixties
6. La dernière image. Le reporter comme objet du reportage.

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