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Gérard Collin-Thiébaut. G’

Collection, inventaire, muséographie d’une part, copie et réappropriation d’œuvres existantes d’autre part, tout est prétexte à expérimentation chez Collin-Thiébaut. Et le spectateur est joyeusement invité à (re)-interpréter ce qu’il voit en empruntant les chemins de traverses que lui propose cet artiste décalé.

— Éditeurs : Réunion des musées nationaux, Paris / Musée des beaux-arts de Nancy, Nancy / Musée des beaux-arts de Lons-le-Saulnier, Lons-le-Saulnier
— Collection : ReConnaître
— Année : 2003
— Format : 15 x 23,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 80
— Langue : français
— ISBN : 2-7118-4626-1
— Prix : 12 €

La muséomanie de Gérard Collin-Thiébaut
par Blandine Chavanne (extrait, p. 6)

Le regard distancié
Au début de sa carrière, Gérard Collin-Thiébaut cherche l’art dans tout ce qui l’entoure et expérimente toutes les attitudes artistiques. Ainsi, entre 1968 et 1980, pratique-t-il ce qu’il nomme les «vieux gestes artistiques (VG.A.)». Se donnant des règles de jeu très simples, il s’essaie au métier d’artiste en pratiquant la linogravure, traçant des lignes abstraites, peignant avec la bouche, composant avec des gommettes, créant des compositions géométriques, etc. Tous ces travaux, Gérard Collin-Thiébaut les réalise avec une distance où l’ironie n’est pas absente et où son regard ressemble à celui d’un observateur qui confronte le faire au déjà fait.

Les images sont au cœur du travail de Gérard Collin-Thiébaut.
Non seulement il les collectionne sous toutes leurs formes (photos, journaux, images imprimées ou télévisuelles, livres, etc.), mais encore il les multiplie en les recopiant, les coloriant, les agrandissant, les détournant, en s’inspirant des originaux, des copies, des montages. Vocabulaire inépuisable, tels les mots pour un écrivain, les images permettent à Gérard Collin-Thiébaut de nous entraîner dans son univers par le biais d’un monde qui nous semble familier. Le détournement est pour lui un jeu.
Ainsi crée-t-il à partir de 1985 des rébus, dessinés ou réalisés à partir d’objets assemblés en installation, proposant une lecture du monde à plusieurs niveaux. Le son et la vue sont convoqués pour signifier un nom d’artiste, un titre d’œuvre, une citation ayant un rapport avec l’art et sa présentation. Ce procédé, emprunté aux arts et traditions populaires, permet à l’artiste de se situer comme un passeur entre l’œuvre originale et le spectateur. En nous invitant à prendre le temps de déchiffrer, bien que la réponse soit toujours donnée sur le cartel, le rébus souligne le lien étroit entre le signifiant et le signifié, renvoyant de façon ironique aux lectures savantes des historiens de l’art qui convoquent tous les savoirs et toutes les sciences pour l’interprétation iconographique des œuvres.

(Texte publié avec l’aimable autorisation du Frac Franche-Comté)