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Georges Adilon, architecture, peinture

L’architecture en écho à la peinture : jeux des pleins et des vides, sinuosité, modules géométriques, asymétrie, etc., d’un geste à l’autre, Georges Adilon crée des correspondances qui imprègnent son œuvre.

— Éditeur(s) : Lyon, Réunion des Musées Nationaux / Lyon, Le Rectangle
— Année : 2001
— Format : 23,50 x 15 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Page(s) : 64
— Langue(s) : français
— ISBN : 2-7118-4312-2
— Prix : 12 €

Préface
par Jacqueline Adilon

Peindre lui est indispensable où que ce soit, quoi qu’il ait à faire : la quête de la lumière, avec des moments de grâce comme les séjours à Nice et les collines de Cimiez ou le séjour à Douvaine, les rives du Léman.

En 1956-1957, il passe une année très importante à Paris où il a une exposition personnelle. Nous nous marions à son retour. Installation au dixième étage d’une HLM. Nombreux séjours à Saint-Tropez chez Nanoue et Henri Lachièze-Rey. Travail intense. La lumière plein nord est violente. C’est là que les pins parasols entrent dans la vision de Georges Adilon et sont l’annonce du virage de son travail.
1959 : naissance de Marie qui deviendra architecte. Assez jeune, avant son entrée à l’École spéciale d’Architecture, elle dessine déjà pour son père. Longtemps sa dessinatrice, elle devient sa collaboratrice pour la mise en œuvre. Elle le comprend. Naissance peu après de Damien qui vivra quelques jours.
Fin 1960 : naissance de Blaise. Photographe, mais beaucoup plus, il sait voir. C’est lui qui depuis longtemps photographie la peinture et l’architecture de son père.

Ce moment est celui de la première maison, la maison personnelle, maison très modeste mais où déjà, il me semble, ses intentions se révèlent : faire entrer la lumière, travailler de l’intérieur et non de l’extérieur, respecter les exigences de ceux pour qui l’on construit. Georges Adilon vit de son contrat à la galerie Kriegel et des débuts de son travail d’architecte. Amitié importante avec Ninon et François Robelin.
1964 : naissance de Emmélie Léa, toute de poésie. Elle est artiste. La maison trop petite est agrandie. Le contrat de peintre s’arrête. Georges Adilon vit de la peinture à l’architecture, ou l’inverse, sans rythme, ni pour l’une ni pour l’autre. Sa peinture évolue considérablement, dans ses supports ou dans ce qui s’y passe.
En architecture, grâce à Alain Chomel, il rencontre le Père Perrot, maître d’ouvrage qui lui permettra par son ouverture d’esprit, sa confiance totale, son admiration aussi, de dessiner après de longues mises au point entre eux, les projets nécessaires pour l’Externat Sainte-Marie.

Georges Adilon écoute, réfléchit, prend la mesure de ce qu’on lui demande. Je l’ai vu dessiner les bases d’un projet tard dans la nuit. Le projet naît dans l’instant. J’ai l’impression qu’il le bâtit pendant la discussion. Il a besoin de peu de choses : son crayon, un papier et son double décimètre. La table à dessin d’architecte n’a jamais servi (elle tient lieu de desserte). C’est presque une fierté pour lui. Il agit ainsi quand il peint. Je l’ai souvent vu préoccupé, inquiet, inactif des journées entières, il descend dans son atelier de peintre et cela vient d’un jet.
Rencontre de J.L.J. Bertin qui lui fait confiance. Rencontre de Christian Bernard qui a encouragé son travail. Rencontre de Thierry Raspail qui l’a invité à Octobre des Arts. Pendant la Foire de Bâle 1984, je me souviens de m’être absentée d’un repas pour raccompagner nos enfants à leur hôtel. Quand je suis revenue, au dessert, Georges Adilon avait convaincu J.L.J. Bertin et Thierry Raspail du projet de sa grande toile. Pour ma part, et peut-être pour la première fois, j’étais atterrée. La peinture a été réalisée en trois jours.
Georges Adilon m’a toujours impressionnée par la volonté qu’il met dans ce qu’il fait : il ne recule pas. Il a eu des moments de vide très pénibles mais qui lui ont toujours servi à rebondir et à avancer. Je suis émue par une visite récente des maisons et des trois lieux des Maristes : le foisonnement des idées, l’importance de l’œuvre continuent de m’éblouir. Georges Adilon est discret : il ne cherche rien, « se bouger » l’ennuie. Sauf pour travailler. Il a dit souvent à propos de son travail de peintre : L’essentiel est que ce soit fait.

22 juillet 2001

(Publié avec l’aimable autorisation des éditions du Rectangle)