ART | CRITIQUE

George Lappas

PAntoine Isenbrandt
@12 Jan 2008

Pour sa première exposition à la galerie Xippas, George Lappas nous propose sculptures et installations radicalement colorées qui introduisent autour de thèmes métaphysiques, un nouvel espace de narration et d’appréhension.

En seconde exposition cet été, dans les salles du tréfonds de l’espace de la galerie Xippas, George Lappas nous propose un travail situé quelque part entre la sculpture et l’installation.

Plusieurs groupes métalliques bleus et rouges s’y déploient d’abord, autour du thème du jardinier. En psychologie, monde duquel l’artiste est issu, la figure du jardinier est le psychologue qui, à l’aide de sa compétence et de ses différentes techniques, va dénouer les nœuds d’une existence problématique, et faire advenir le Sujet.
Il est garant d’harmonisation et d’ordonnancement, il est également réconciliateur, d’où l’expression «mener sa vie en jardinier», aussi, ce personnage conceptuel renvoie à la constance du caractère cyclique de la culture qui, au sens propre comme au figuré, est métaphore d’une réalisation humaine.

Avec ces socles et structures métalliques arbitraires, on pressent que reconstruire la figure humaine dans un contexte post-conceptuel et définir les relations entre le figural et le fictionnel, sont des préoccupations prédominantes chez l’artiste.

Avec le grand personnage rouge partagé de façon triple par des miroirs, George Lappas nous pose également la question des limites du corps et de ses déviations de la normalité, avec ces déformations, remodelages et réarrangements des volumes, il transforme le visible en «vision».

Ainsi, les fragmentations, fluidités, discontinuités et déstructurations renvoient au caractère protéiforme et globalisant de la culture artistique contemporaine, car animer les objets du monde, donner vie aux images, fragmenter les corps, pour orienter le spectateur vers une nouvelle dimension, donne le sentiment d’une présence métaphysique.

Ses recherches s’étendent également aux champs représentatifs de la peinture et de la sculpture occidentale. Avec son œuvre Déjeuner sur l’herbe, Lappas s’approprie la célèbre partie, en la traitant en volume et sous un angle différent afin de brouiller les repères. Ainsi, la trame spatiale est respectée et d’autres indices sont placés pour signaler l’importance rhétorique des ses acteurs, par exemple le personnage féminin du tableau de Manet qui nous «appelle» de son regard (le personnage admoniteur) et nous fait entrer dans la composition, est ici fait de néons de façon à ce que son corps de lumière ne laisse pas d’équivoque sur son importance.

Les sculptures de George Lappas introduisent un nouvel espace de narration et d’appréhension, où des éléments froids comme le fer, la lumière, la glace du miroir, enveloppés par des vêtements, du feutre et surtout notre regard, nous parlent de la chaleur des sentiments humains. On pourrait simplement regretter à ce titre que l’espace d’exposition alloué soit trop exigu pour ces sculptures particulièrement sensibles et responsives à l’espace architectural.

George Lappas
— Jardiniers grimpant a une échelle rouge, 2007. Fer, aluminium. 300 x 182 x 90 cm.
— Des pieds a la tête 1992, Aluminium, fer, vêtements. 220 x 200 x 110 cm.
— Jardinier bleu avec une pioche sur socle, 2007. Aluminium peint, tissu, polyester, fer, lampes électriques. 218,5 x 121 x 131 cm.
— Jardinière bleue sur socle, 2007. Fer, aluminium. 154,5 x 218 x 126 cm.
— Composition aux trois jardiniers, 2007. Aluminium, fer, vêtements. 158 x 200 x 195 cm.
— Jardinier bleu avec son outil de jardinage sur socle, 2007. Aluminium peint, tissu, polyester, fer, lampes électriques. 188,5 x 142 x 122 cm.
— Déjeuner sur l’herbe, 2006. Acier, aluminium, étoffe, polyester. 90 x 100 x 130 cm.
— Figure avec les bras ouverts, 2006. Aluminium peint, acier, lumières électriques, vêtements en polyester. 111 x 95 x 36 cm.
— Héro comique, 2004. Acier, aluminium, étoffe, poudre de polyester. 70 x 65 x 50 cm.
— L’effronté, 2004. Acier, aluminium, étoffe, poudre de polyester. 70 x 30 x 30 cm.
— Portrait de E. L. , 2007. Aluminium, fer, vêtements. 26 x 24 x 12 cm.
— Femme debout,2007. Aluminium. 18 x 12 x 7 cm.

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