ART | EXPO

Géopoétique d’une catastrophe

01 Oct - 21 Oct 2015
Vernissage le 01 Oct 2015

En interrogeant la géologie particulière de la Californie et l'imaginaire qui naît de ce paysage sismique, Gaëlle Cintré s’intéresse aux documents liés au Big One, ce vaste tremblement de terre censé prochainement ravager le Sud de la Californie. Elle nous invite alors à questionner la manière dont notre imaginaire culturel se manifeste dans le réel.

Gaëlle Cintré
Géopoétique d’une catastrophe

L’exposition Géopoétique d’une catastrophe de Gaëlle Cintré, sur une proposition d’Érik Bullot, se déploie sous la forme d’une cartographie de documents, de photographies et de vidéos. Elle propose une mise en forme et en images des liens entre la géologie sismique de la Californie et l’imaginaire qui émerge de ce paysage en proie à de brutaux changements. Cette exposition nous livre une approche documentaire de l’éventualité d’une catastrophe qui n’a pas encore eu lieu mais qui a déjà pourtant un nom: The Big One. Tout le sud de la Californie vit dans l’attente de l’événement, la pression s’accumule le long de la faille de San Andreas sans que l’on puisse prédire avec exactitude le tremblement de terre à venir. Au fil du temps qui passe et du risque qui augmente, les scénarios sismiques esquissent, les uns après les autres, autant de futurs potentiels.
L’artiste souligne en cela l’ambivalence propre aux catastrophes, dès lors qu’elles sont simultanément imprévisibles et inéluctables. Ainsi que l’affirme Clément Rosset, il y a du tragique dans la conscience d’une catastrophe sur le point d’advenir, alors que tout est mis en œuvre pour s’en défaire. De ce tragique, qui évoque les récits grecs antiques, découle, pour Gaëlle Cintré, le souci d’interroger les dispositifs narratifs en prenant en compte les documents prédictifs et fictionnels. Ces documents ont un statut paradoxal, car ils construisent eux aussi notre relation au réel, tout en s’appuyant sur des événements qui ne sont pas encore arrivés.
La notion de récit a son importance. Lorsque l’US Geological Survey propose des actions pour informer et faire de la prévention concernant les tremblements de terre, il est question de scénario (« much like a movie script »), d’histoire (« story »), de narration (« narrative ») dans leurs documents scientifiques. En effet, en Californie – et cette localisation n’est certainement pas un hasard – même les prévisions scientifiques se retrouvent teintées du vocabulaire et des schémas narratifs de l’industrie cinématographique. L’imaginaire culturel d’Hollywood, immiscé ainsi dans le domaine scientifique, devient un acteur non-négligeable de la catastrophe à venir. Les mythes contemporains semblent recouper les mythes d’hier tandis que l’homme, dans la perspective d’une destruction prochaine qu’il vise à éviter, est prié de reconsidérer sa destinée et sa place dans le monde.
Avec Géopoétique d’une catastrophe, Gaëlle Cintré aborde une esthétique où différentes lignes de fuite se composent mutuellement, conformément à la ville-paysage de Los Angeles qui a pour particularité de laisser affleurer de multiples strates — géologiques, historiques, fictionnelles. Et c’est dans leurs interstices — entre les faits et les fantasmes — que vient se nicher la géopoétique, cet inexplicable territoire de l’imagination où désir et intuition coïncident.

L’exposition Géopoétique d’une catastrophe sera accompagnée d’un site internet (www.geopoetics.net) et d’une publication.

Vernissage
jeudi 1er octobre 2015 à 18h

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