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Garden City

PCaroline Pillet
@12 Jan 2008

Dans les toiles tranquilles et sereines de Blaise Drummond, nature et architecture se mêlent sans s’exclure en une composition qui les assemble et efface leurs contradictions inhérentes.

Ce qui frappe quand on entre dans la galerie où expose Blaise Drummond, c’est l’atmosphère tranquille, quasi sereine, qui émane de ses œuvres. Les compositions picturales sont à la fois très stylisées, travaillées, géométriques et, en même temps, elles semblent avoir laissé la place à un certain hasard.

Les œuvres exposées, qui sont pour la plupart au format tableau, mêlent architecture et nature. Les arbres et les feuilles côtoient ainsi la rigueur géométrique de bâtiments architecturaux massifs. Et c’est là le propos de Drummond : entrelacer sans se contredire la ville et le jardin;  » Garden City « , le titre de l’exposition, en est le témoignage. C’est sans aucun doute pour cette raison que les tableaux ne sont pas surchargés, mais qu’une large proportion de blanc est conservée sur les toiles, donnant ainsi à l’œuvre une respiration, tel que seul un arbre peut l’offrir à la ville. Nature et architecture se mêlent alors en une composition qui ne semble pas exclure plus l’un que l’autre, mais qui les assemble et efface leurs contradictions inhérentes.

Malgré cette harmonie, la nature évolue de plus en plus et, comme l’architecture, devient un projet d’urbanisme, d’aération de la ville. La nature est comme encerclée par l’architecture. Les rôles s’inversent : on construisait des bâtiments à la place des arbres et on pense désormais la place des espaces verts dans des villes surchargées. Cette inversion s’exprime par la façon dont la nature est travaillée dans les œuvres de Drummond. Le hasard de feuilles ponctuant le tableau est certes présent, mais les arbres sont comme incrustés dans l’architecture, dotés d’une place bien définie. La géométrie du tableau, l’épuration des formes, font songer à un dessin d’urbaniste.

L’œuvre intitulée Tree with Scaffolding, encre d’aquarelle sur papier, représente deux arbres encerclés d’une structure métallique qui morcelle l’arbre, comme pour en faire une structure géométrique non variable, soumise à la rigidité d’un échafaudage. Dans Tree, une sculpture en forme de tige d’arbre, la tige placée sous un cube transparent, est dentique à celles que l’on dispose sur des maquettes d’architecture. Là encore, la nature est traitée comme un objet à construire, à modeler et à placer au bon endroit.

Blaise Drummond joue avec le fantasme humain d’une nature contrôlée, soumise. Aujourd’hui, le contrôle ne s’exerce plus aux dépens de la nature qui tend à être traitée en objet d’urbanisme, d’aménagement de villes devenues saturées. Ainsi, Drummond s’interroge avec une certaine ironie sur la notion d’écologie dans les villes…

— Better Prospects, 2004. Huile, encre glycerol et collage sur toile. 213,5 x 162,5 cm.
— Adventures in Contentment, 2004. Huile et colle sur toile. 127 x 167,5 cm.
— The New Spirit, huile et glycéro sur toile. 127 x 167,5 cm.
— Towards a Unified Theory of Everything, 2004. Huile et collage sur toile. 127 x 167,5 cm.
— Nine stories, 2004. Huile sur toile. 61 x 76 cm.
— It’s Hard to be a Saint in the City, 2004. Encre de sépin, collage sur papier. 50 x 39 cm.
— It’s Hard to be a Saint in the City 2 , 2004. Huile et collage sur toile. 86,5 x 112 cm.
— Feel better, 2004. Huile et glycéro sur toile. 167,5 x 142 cm.
— Tree (Repaired for Autumn), 2004. Scotch et pâte fimo. 38 x 38 x 38 cm.
— So me Mild Peril, 2004. Encre de sépin, collage sur papier. Diptyque : 42 x 30 cm (chacun).
— Tree with Scaffolding, 2004. Encre d’aquarelle sur papier. 30 x 42 cm.
— Instel Der Ursprünglichen Natur, 2004. Pierre à chaux, glycéro et pâte fimo. 33 cm.

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