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Gabriele Basilico. Carnet de travail 1969-2006

A la fois «photographe de l’architecture» et «architecte de la photographie», Gabriele Basilico fait de son médium d’élection un moyen de «mesurer le monde».

Information

Présentation
Achille Bonito Oliva
Gabriele Basilico. Carnet de travail 1969-2006

«Avant de me consacrer au paysage urbain, je m’intéressais au photojournalisme. J’avais des points de référence : le travail de Bill Brandt ou celui d’Eugene Smith. Mais avec le temps, l’espace a retenu toute mon attention, il a lentement remplacé les évènements et l’homme, il en a comme accepté la délégation, et le lieu est devenu sa demeure.
La culture photographique à laquelle se référait ma génération était imprégnée de mythes, de modèles très répandus et communément partagés, comme celui, bressonien, de « l’instant décisif ». Ralentir la vision a été pour moi une petite révolution du regard ainsi qu’un retour au passé, à l’époque où les photographes, pour des nécessités techniques, utilisaient des pellicules lentes et de grosses caméras sur trépied. Ils ne pouvaient représenter le monde que de manière statique.
Mais la « lenteur du regard », en syntonie avec la photographie des lieux, est devenue beaucoup plus, pour moi : c’est une attitude « philosophique » et existentielle, grâce à laquelle on peut tenter de retrouver, dans le monde extérieur, une possibilité de « sens ». Quand le regard s’étend et se dilate dans l’espace urbain physiquement délimité, il est naturel que les personnes, les groupes, et même le trafic, soient « absorbés » par le paysage, au loin ; il en a toujours été ainsi depuis les origines de la photographie, et même avant la peinture de genre. Depuis que la photographie existe, elle n’a jamais cessé d’être un outil efficace pour mesurer le monde. Et même quand les parcours et l’évolution de la recherche dans le domaine artistique ont mis en cause son efficacité documentaire, elle ne s’est jamais totalement libérée de sa valeur symbolique de témoignage. Je pense que depuis que le monde s’est mis à courir plus vite, réalité et image du monde se sont superposées et amalgamées, en un ensemble quasi indiscernable. À partir d’un certain moment de l’histoire, le monde a coïncidé avec sa propre image.» — Gabriele Basilico

Ce catalogue, premier ouvrage rétrospectif de l’œuvre de Gabriele Basilico, a été publié à l’occasion de l’exposition à la Maison Européenne de la Photographie, à Paris, du 21 juin au 15 octobre 2006.

Gabriele Basilico est né en 1944 à Milan, où il vit et travaille.