PHOTO

From the corner of the eye. The extra-infra-ordinary

Un bruit assourdissant en guise d’accueil : Thunder de Hannah Rickards est la reconstitution d’un coup de tonnerre «joué» par plusieurs instruments de musique après avoir été transcrit en partition. Œuvre sonore, Thunder est invisible se diffuse dans la galerie sans que l’on puisse situer sa source.

Au contraire, Écran d’Evariste Richer s’étale sur les quatre murs d’une salle. Pourtant, il est impossible de regarder ces milliers de points noirs sur fond blanc qui compose l’œuvre sans que la vue soit troublée par les effets d’optiques. Ecran est in-visible dans sa réalité.

Chez Kilian Rüthemann, c’est l’invisible qui attire l’œil. Untitled (Salt) est une installation précaire et anti-naturelle: un tas d’une tonne de sel dessine le contour de trois faces d’un cube absent.

Dernière stratégie de «mise en œuvre» de l’invisible adoptée par Maria Loboda et Charles Lopez : sa matérialisation.
Dans The Moral Antithesis Of The Perfect Consonance, la première utilise des turquoises pour figurer les notes d’un accord discordant appelé «le triton», flottant sur une portée invisible.
Le second propose Ellipse (matérialisation d’une figure de style), un résidu de vin sur l’intérieur d’un verre à pied. L’artiste suisse joue sur les différents acceptions du terme et rend l’ellipse visible, en effectuant un glissement du texte – où elle est par définition invisible en tant que partie occultée du récit — à un objet plastique.

Charles Lopez
— Ellipse (matérialisation d’une figure de style), 2007. Verre, trace de vin rouge

Hannah Rickards
— Thunder, 2005. Installation sonore

Kilian Rüthemann
— Untitled (Salt), 2007. Une tonne de sel

Maria Loboda
— The Moral Antithesis Of The Perfect Consonance, 2008. Rough turquoises, brass chains, dimensions variables

Evariste Richer
— Ecran, 2008. Screen prints, struck to wall