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Franz West

PSylvie Rousselle-Tellier
@12 Jan 2008

On ne contemple pas seulement les œuvres de Franz West, on les essaie. Le spectateur s’assied sur des chaises et des bancs, ou manipule des manchons. 

On ne contemple pas seulement les œuvres de Franz West, on les essaie. Le spectateur s’assied sur des chaises et des bancs, ou manipule des manchons.

Le mobilier de West se caractérise par l’épuration, l’inachevé, le  » mal fait « . L’artiste construit ses chaises avec de simples tubes d’acier en laissant apercevoir les soudures. Certains sièges semblent même réalisés avec des matériaux de récupération. Parfois présentés sur un piédestal en bois, ce sont à la fois des chaises et des objets d’art.

La galerie a déjà exposé Sitzwust: un banc réalisé en plaques d’aluminium roulées, soudées en forme de banane. On retrouve cette pièce, mais présentée à la verticale, fixée sur un socle. Tout usage est aujourd’hui impossible, la partie banc (utile) a été éliminée au profit de la seule sculpture.

Les œuvres — mobilier ou sculptures — de Franz West sont des assemblages. Il appelle Passstücke (Morceaux soudés) celles qui sont réalisées en papier mâché, bandes, plâtre, époxy, etc. Dans l’installation Untitled, deux passstücke en forme de manchons sont disposés à la verticale non loin de deux cloisons disposées en croix qui forment quatre cabines : deux larges et deux étroites, deux blanches et deux noires. Les cloisons sont tapissées de feuilles reproduisant un croquis, un plan et les instructions suivantes : enfiler le manchon, se rendre dans un compartiment blanc, balancer le bras en faisant attention de ne pas heurter quelqu’un ou quelque chose. Les passstücke manœuvrables s’adaptent au corps, leur position dans l’espace sans grande importance : les spectateurs les enfilent puis les reposent où ils veulent. Leur fonction est d’être près du corps. Parfois même, West délègue la mise en place des œuvres. L’installation Untitled n’est pas seulement un objet d’art mais aussi un  » espace d’art  » : l’espace nécessaire à l’action du spectateur.

En changeant les frontières du corps et l’appréhension de l’espace, cette prothèse oblige à prendre conscience de son corps. L’œuvre, comme la plupart de celles de West, interroge le corps. La redécouverte du corps est une préoccupation que Franz West partage avec ses compatriotes les actionnistes viennois du milieu des années 1960 — Rudolf Schwarkogler, Hermann Nitsch, Otto Mühl et Günter Brus. En revanche, Franz West ne fait pas intervenir son corps mais celui du spectateur.

 

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