LIVRES

Françoise Huguier

Les photographies de Françoise Huguier semblent relever d’une forme d’énergie vitale, d’une manière innée d’être au monde, perpétuellement attentive aux multiples facettes de sa réalité, son œuvre est tout entière traversée par une lumineuse générosité.

Information

Présentation
Gérard Lefort
Françoise Huguier

Née en France, Françoise Huguier a grandi au Cambodge où son père dirigeait une vaste plantation. À l’âge de huit ans, elle et son frère sont pris en otages par des rebelles; leur captivité durera huit mois. Une épreuve décisive qu’elle taira durant de longues années (J’avais huit ans, Actes Sud, 2005).

Profondément marquée par les luttes et les idéaux des années 1970, auxquels elle n’a peut-être jamais renoncé, Françoise Huguier tisse depuis bientôt quarante ans une œuvre photographique dont l’éclectisme formel le dispute à l’unicité critique du regard. Successivement membre de l’agence VU’ puis de Rapho, elle collabore de longue date à de nombreux organes de presse, notamment Libération, et acquiert une reconnaissance internationale.

Cinéma, politique, société, mode – on sait sa longue collaboration avec le couturier Christian Lacroix –, la palette des centres d’intérêt de la photographe – et maintenant cinéaste – est aussi diverse et originale que ses pratiques photographiques, qui alternent reportages au long cours, photographie documentaire, portraits ou paysages.

Mais c’est aussi à la découverte et à l’exploration de grandes régions du monde que la photographe ne cesse de se vouer. Les rives de certains grands fleuves nourriciers (Niger, Mékong, Neva), riches de peuples et de cultures multiples, exercent sur elle une attraction irrépressible. L’Afrique, qu’elle a longuement parcourue du Mali au Burkina Faso en passant par l’Afrique du Sud, lui a inspiré deux grands livres (Sur les traces de l’Afrique fantôme, Maeght, 1990, et Secrètes, Actes Sud, 1996). De même la Russie postsoviétique, des confins sibériens glacés (En route pour Behring, Maeght, 1993) à l’exiguïté des appartements communautaires de Saint-Pétersbourg (Kommunalki, Actes Sud, 2008), requiert son extrême attention.

C’est solitairement qu’elle définit ses itinéraires, ses champs d’investigation, selon des critères intimes qui fondent une approche anthropologique et plastique en marge de la rumeur du monde, n’hésitant jamais à laisser l’inattendu et l’imprévu modifier son dessein originel. Parmi les innombrables rencontres que ses voyages engendrent et les fortes images qu’elle en rapporte, se détachent notamment des visages de femmes. Françoise Huguier porte sur celles-ci un regard véritablement unique, empreint d’une complicité inquiète et chaleureuse, qui nous offre des portraits admirables de mères, de sœurs, de jeunes filles, qu’une même condition universelle semble relier. Elle dit à ce propos: “Les femmes m’ont permis d’entrer à l’intérieur des maisons. Dans le secret des chambres, je parle, je laisse se dissiper les timidités et j’amène ma confidente, bientôt mon amie, là où la lumière sera la plus belle sur elle.”

Exposition dans le cadre du Mois de la photo à Paris 2012:
Vertical/Horizontal, Intérieur/Extérieur
Singapour – Kuala Lumpur – Bangkok, les classes moyennes en Asie du Sud-Est à l’aube du XXIème siècle.
Françoise Huguier
Prix de Photographie 2011 Marc Ladreit de Lacharrière.
Du 25 octobre au 25 novembre 2012 à l’Académie des beaux-arts, Paris.