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Françoise Huguier, Virtual Seoul

L’ouvrage Virtual Seoul aux éditions Actes Sud rassemble les photographies de Françoise Huguier lors de ces différents voyages en Asie. L’artiste témoigne du développement de la Corée du Sud et plus particulièrement de la ville de Séoul qui est passé en quelques année de « squelette de béton » à représentant de la culture populaire d’Asie.

Information

Avec Virtual Seoul, la photographe Françoise Huguier tente de résoudre une énigme qui la hante depuis qu’elle parcourt le monde et particulièrement l’Asie : comment une ville, qui n’était en 1982, lors de son premier voyage, qu’un « squelette de béton », a-t-elle pu devenir en trente ans le fer de lance de la culture populaire de toute l’Asie ? Comment la Corée du Sud est-elle parvenue à accroître et à étendre son influence au point de faire pâlir la modernité japonaise ?

La Corée du Sud, une spectaculaire mutation

Ce sont les traces et les signes de cette étonnante transformation que l’artiste nous donne à découvrir et à comprendre en parcourant un univers urbain où les frontières virtuel/réel semblent s’abolir ou se dissoudre. Le « miracle coréen » se décline dans son objectif à la manière d’un vibrant kaléidoscope : dans le métro, des écrans publicitaires géants animés vantent du sol au plafond et sur des centaines de mètres de couloirs la joie de vivre des coréens et les bienfaits de la chirurgie esthétique avant/après ; des clips inspirés du manga délivrent en boucle des leçons de savoir-vivre aux usagers, hypnotisés par leurs smartphones. La jeunesse coréenne, fan de K-Pop, de boys et girls bands, s’abandonne aux diktats de la mode au point de transformer sans hésitation son apparence physique, tandis que les anciennes générations s’encanaillent dans les colathèques, boîtes disco de jour où l’excentricité est de mise.

La face cachée de ce développement soudain

Mais cette modernisation trop rapide a un revers… Françoise Huguier explore, en profondeur, le mal de vivre engendré par des bouleversements dont une société restée très confucéenne pâtit pour une grande part. Elle s’introduit dans ces étonnants et onéreux « centres d’apprentissage de l’au-delà » où est délivrée, pour tous les âges, une initiation à la mort incluant testament, photographie post mortem et séjour de quinze minutes dans un cercueil ! Elle documente avec pudeur le paradoxal « Pont de la vie » qui, à Séoul, et malgré les efforts de la municipalité pour dissuader les malheureux candidats, est le lieu privilégié de celles et ceux qui choisissent le suicide.