ART | EXPO

François Morellet. Ma musée

09 Nov - 04 Fév 2008

Trente-cinq ans après une première exposition, François Morellet revient dans le patio et propose à nouveau de jouer avec cet espace du Musée des beaux-arts de Nantes.

Ma musée de François Morellet

Depuis 1973, le musée s’est enrichi de cinq oeuvres de l’artiste et la ville de Nantes s’est doté de plusieurs installations dans l’espace public.

La première exposition de François Morellet fut pour le Musée des beaux-arts de Nantes un moment important de son histoire. En effet, si le musée s’était tourné vers la création contemporaine depuis la fin des années 1940, c’était principalement autour de la peinture abstraite informelle que toutes les attentions s’étaient concentrées. Morellet, alors proche de l’art concret et acteur du GRAV (groupe de recherche d’art visuel), proposa une muséographie tout à fait étonnante. «Ce n’est certainement pas une exposition dans un musée… C’est bien plus que cela : une appropriation, une accaparation. Le musée des beaux-Arts n’existe plus. François Morellet l’occupe» .

Souscrivant sûrement à l’affirmation de Marcel Duchamp, «c’est toujours l’idée «amusée» qui me décidait à faire les choses» , François Morellet propose Ma Musée, une traduction en trois dimensions d’une peinture de 1975, Six lignes au hasard, dont les volumes, séparés par des allées noires rappelant les lignes du tableau, remplissent complètement l’espace du patio. Au rez-de-chaussée, le visiteur rentre à l’intérieur de l’oeuvre, alors que du premier étage, il peut relire la forme de la peinture originale ayant servi de matrice à Ma Musée.

Pendant l’été 2007, c’est au musée d’art contemporain de Lyon qu’une construction de la même série a été installée par François Morellet. Thierry Raspail, directeur du lieu, avait invité l’artiste à présenter l’ensemble de ses oeuvres appartenant au musée. Refusant une manifestation hagiographique, Morellet proposa Echappatoire.

Répondant à l’invitation du Musée des beaux-arts de Nantes de mettre en scène ses collections, François Morellet agrandit un de ses tableaux à la taille du patio et propose que les couloirs entre les volumes conduisent vers des oeuvres choisies par l’équipe du musée. Après avoir renoncé à une sélection de chef-d’œuvres, un corpus d’une quinzaine d’oeuvres, représentatif des différentes sections du musée, a été établi autour de deux thèmes : le point de vue et la perspective.

Le point de vue peut être entendu de différentes manières, sur le fond et sur la forme. En effet, c’est une façon pour l’artiste d’affirmer son intérêt ou son parti pris pour traiter un sujet, motif ou recherche.
C’est aussi le point d’où il va contempler la scène qu’il entend représenter, emplacement d’où le spectateur sera également invité à le découvrir. Sur la forme, François Morellet s’est très vite affirmé comme un artiste abstrait géométrique, mais sur le fond, il s’est toujours bien gardé d’enfermer son travail dans un cadre systématique étroit. Si, pour chaque série, il se donne une règle, par exemple un morceau de nature pour les oeuvres appartenant à l’ensemble «géométree», il fait en sorte de rebondir et nous déconcerte en proposant des points de vue non orthodoxes. Que vient donc faire un morceau de bois au milieu d’un tableau géométrique ? Jouant avec les mots, il joue également sur le sens. Les titres qu’il donne à ses oeuvres nous indiquent alors le «point de vue» d’où il se situe.

Ma Musée est un bel exemple du point de vue de François Morellet sur le monde des musées. L’exposition entraîne le visiteur dans une nouvelle perception, non seulement de l’espace, mais également des collections. En effet, quelques oeuvres des collections viennent commenter, dialoguer avec les volumes de Ma Musée.
Dans son travail de peintre, François Morellet n’a jamais utilisé la perspective au sens traditionnel du terme. Il n’a jamais cherché à traduire en deux dimensions ce que l’oeil perçoit en trois, fidèle en cela à la leçon moderniste ayant mis en lumière la planéité de la toile. Cependant, avec Ma Musée, il met en perspective au sens propre et figuré les oeuvres du musée.
Celles-ci, de la Renaissance italienne à l’art moderne, mettent en scène des vues de ville ou d’architecture, utilisant la perspective pour la construction du motif. D’autres présentent un sujet inspiré par un ailleurs, l’Italie, l’Orient…, d’autres encore des phénomènes naturels, telle l’éruption d’un volcan, ou des faits historiques comme la Bataille de Luxembourg qui ne peut être comprise qu’avec une vue plongeante inventée par l’artiste. Parallèlement, le visiteur découvre les recherches des artistes du début du XXè siècle qui se sont attachés à inventer une nouvelle manière de regarder, depuis le cubisme jusqu’au surréalisme, introduisant le rêve de façon insolite à des éléments du réel.

Ma Musée investit complètement le patio du Musée des beaux-Arts de Nantes qui retrouve alors sa vocation première : accueillir des sculptures et des volumes et distribuer les différents espaces du musée.

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