ÉCHOS
06 Mar 2012

François Hollande «repense» Hadopi

PJulie Aminthe
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François Hollande tente de rassurer le monde de la culture en proposant de «repenser» la loi Hadopi (Le Monde, 2 mars 2012). Après avoir prôné sa suppression, puis son remplacement, le candidat PS à l’élection présidentielle adopte un nouveau positionnement. Mais toujours pas de mesures concrètes à l’horizon... Retour sur les différents axes de la stratégie hollandaise.

— Soutenir la culture en prenant en compte les évolutions technologiques
«Je soutiendrai tous les dispositifs qui nous permettent de défendre notre culture, mais aussi notre économie: soutien à la production et à la création, gestion collective des droits, adaptation et protection de la chronologie des médias, lutte contre les contrefaçons, rémunération pour copie privée, défense des plateformes numériques innovantes.
Nous aurons besoin d’entreprises performantes, de réseaux puissants, de sociétés actives et vivantes pour défendre nos auteurs et les rémunérer justement.
Nous avons besoin d’adapter notre législation pour prendre en compte les évolutions technologiques, si rapides que toute nouvelle loi est très vite obsolète.»

— Tacler la politique de Nicolas Sarkozy
«Ces rappels sont indispensables pour aborder sereinement la loi Hadopi, tant controversée.
Elle a coûté cher sans permettre la transition des industries créatives vers le numérique. Elle n’a pas non plus financé de manière probante la création. Et, je l’ai déjà dit, je ne pense pas que la seule répression soit la réponse au problème posé, ni que le système imaginé, par sa complexité et les questions qu’il soulève en matière de protection de la vie privée, soit le bon.
Je ne pense pas non plus qu’il faille opposer, comme l’actuel gouvernement le fait depuis cinq ans, les créateurs et leur public. Au contraire, par principe et par vocation, internet est leur espace commun.»

— Rassurer les auteurs
«Mais que les choses soient bien claires: pour moi, la protection des auteurs est également prioritaire. Nous ne considérons pas le piratage comme un problème mineur. Nous soutiendrons et rendrons plus efficaces les actions judiciaires visant à tarir à la source la diffusion illégale des œuvres protégées. Nous combattrons ces plateformes délocalisées et incontrôlables qui déversent des contenus culturels sur le réseau sans jamais participer à leur financement.
De la même manière qu’on ne peut plus laisser prospérer un marché financier dérégulé, on ne peut pas non plus accepter un marché numérique sans maîtrise, dont toutes les parties, créateurs comme usagers, seraient finalement lésées.»

— Inventer des solutions et tacler la politique de Nicolas Sarkozy
«Alors, quelle est la solution? Faut-il privilégier les internautes? Les ayants-droits? L’innovation? Il faut d’abord retrouver le chemin du dialogue. Il faut retrouver tous les acteurs autour d’une table — ce que le gouvernement sortant n’a jamais fait. Je crois au dialogue, à la concertation, aux compromis. Qui ne sont, ni pour les uns, ni pour les autres, des compromissions. Il n’y a pas de solution simple, ni de réponse unique, il y a un modèle économique à inventer qui combinera plusieurs solutions et agrégera plusieurs types de financements. De ce dialogue naîtra ce que j’appelle l’acte II de l’exception culturelle.»

— Discuter et convaincre les partenaires européens
«Bien entendu, la France ne devra pas mener cette politique seule. Il faudra tenir compte de l’évolution du cadre européen et prendre des initiatives, en particulier à Bruxelles. D’abord, pour mettre en place les moyens capables d’amener ceux qui utilisent les contenus sans accepter de les payer à contribuer à leur financement.
Ensuite, pour mettre en place des dispositifs juridiques fermes et qui ne livrent pas, sans armes, les plus faibles aux plus forts.
La France proposera à ses partenaires d’organiser des Assises européennes des industries culturelles sur internet.»

— Lire l’entièreté de la tribune de François Hollande consacrée à la loi Hadopi

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