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François Azambourg

A l’entrée du hall 5 de Meuble Paris (janvier 2009), François Azambourg expose une œuvre écrite sans concession. Designer et humaniste, souvent interpellé pour son goût pour le traitement des matériaux, il s’en défend. Ce géo-trouve-tout lunaire présente une innovation saluée par les professionnels présents et par Etienne Cochet, président du salon Safi.

Anne Bony. Avez-vous une prédilection pour certains matériaux ? Cela semble être le cas avec la collection Lin 94 : une table, une chaise et un plateau de table conçus avec 94% de lin et de résine de lin…
François Azambourg. J’ai toujours été attiré par la fibre et le fil. C’est pour moi le degré 0 de la matière : si on enlève le fil, il n’y a plus rien. Mais ce qui m’intéresse davantage que les matériaux, c’est la fabrication, la mise en œuvre de quelque chose d’inerte. Une feuille de métal est un plan que j’aime transformer en volume. Je me passionne pour la technique du pliage. Je suis très sensible à l’aventure humaine de l’histoire des techniques.

Pour le salon Meuble Paris, vous dévoilez justement ce processus de fabrication…
François Azambourg. J’ai souhaité faire découvrir les étapes de la démarche créative, pas toujours simples à saisir. Ainsi, j’ai exposé des prototypes d’évolution, des épreuves intermédiaires et des objets finis.
Un exemple caractéristique de cette évolution du travail est la série de pots en verre soufflé que j’ai conçue avec le savoir-faire du Centre international d’art verrier (CIAV) de Meisenthal. Le soufflage du verre se fait dans un moule en bois, une révolution de la matière enfermée qui carbonise le moule et produit des exemplaires uniques.
Lorsque j’ai réalisé la chaise Bugatti, je me suis intéressé à la carrosserie automobile car je m’étais toujours demandé pourquoi l’on pouvait obtenir des modèles de carrosserie légère alors que le siège en métal était si lourd. J’ai donc choisi d’exploiter une tôle extrêmement fine (2mm).

Vous avez le goût de l’invention ?
François Azambourg. Je cherche à appliquer des techniques fondamentales. Pour les éditeurs Domeau & Pérès, j’ai créé la chaise Very Nice qui a été inspirée par mon désir de combiner le décor et la structure. La logique de fabrication est basée sur le principe simple de la triangulation. Le système est extrêmement efficace. On ne se rend pas compte que le siège est soumis à d’infernales pressions or la structure de cette chaise est incroyablement résistante et ultra-légère. C’est un langage très technique, une sorte de moucharabieh, un graphisme, une écriture. Je préfère les objets qui laissent passer la lumière, les meubles ajourés, c’est pourquoi j’ai également utilisé le grillage pour mes fauteuils. J’aime le vide, la légèreté. Je n’aime pas les excès.
Je m’intéresse aussi beaucoup aux associations de matériaux comme le bois-mousse : deux lames de bois collées sur de la mousse molle qui confèrent une souplesse au produit.