ART | EXPO

Fragments

28 Avr - 06 Juin 2011
Vernissage le 28 Avr 2011

Amelie Chabannes emprunte les façons de l’archéologue, cherche et devient l’objet de sa quête. Sculpture après sculpture, strate après strate, elle enfouit, dégage, excave et dévoile les matériaux, animaux, traces et vestiges.

Communiqué de presse
Amelie Chabannes
Fragments

Dans L’Archéologie du Savoir, Michel Foucault évoque «ce qui transforme les documents en monuments». Amelie Chabannes emprunte les façons de l’archéologue, cherche et devient l’objet de sa quête.

Elle évoque les grottes de Chauvet, comme Paul Thek en son temps les catacombes de Palerme. Sculpture après sculpture, strate après strate, elle enfouit, dégage, excave et replonge les matériaux, animaux, traces et vestiges. L’identité, plus que la quête de l’autre, est le prétexte utilisé par l’artiste pour expérimenter et forger une pratique protéiforme.

Entre sa fascination pour le Lagerstatte, lieu de conservation des fossiles, et son obsession pour le couple que formaient le peintre Kokoschka et Alma Mahler, femme à hommes du XIXe siècle, Amelie Chabannes réalise des oeuvres à sa mesure.

La biométrie est transformée en arme pour préserver l’identité de l’artiste à travers ses sculptures, dessins et installations. Les amours tempétueuses de Kokoschka et Alma font l’objet de dessins au calque où les corps se mélangent, où l’artiste s’immisce dans ce pas de deux, quand la fusion prend le pas sur le sentiment amoureux. Les visages en plâtre décomposés rappellent les travestissements multiples et autres brouillages de pistes de Leigh Bowery, contenus dans un carré de plexiglas. L’artiste décrit ces boîtes comme des «espaces mentaux».

Même espace dans lesquels évolue une autre forme, le clitoris, l’organe féminin par excellence, libéré de ses fonctions. Au creux d’une sculpture on
découvre parfois des apparitions de Betty Page ou Linda Lovelace, des visages de femmes archétypales des années 50 à 70. La notion d’identité sexuelle ne cesse en effet de rattraper l’artiste et de questionner l’aliénation qu’elle représente pour les femmes. La méduse, forme libre, nageuse et sexuée, fait aussi partie de ce bestiaire empêché, présence impossible à définir, tout aussi animale que végétale. Des chapelets dégoulinent de plâtre sur le carcan de l’identité religieuse.

Amelie Chabannes vit à New York, ville en passe de devenir un vaste terrain de fouille, avec l’influence de Urs Fischer, Matthew Day Jackson, David Altmedj comme fiers étendards d’un retour à l’ordre antique. Identité sociale, sexuelle, religieuse, où le «get over yourself» répété par Thek à maintes reprises dans ses carnets.

A Chabannes de sacrifier le lustre et la porcelaine familiale pour en finir avec les conventions sociales liées à un milieu figé. Un index en cire pointe l’une de ces sculptures stratifiées, la main de l’architecte semblant avoir remplacée celle de l’artiste l’espace d’un instant, afin de constater l’oeuvre déjà accomplie.

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