ART | EXPO

Fragmento Brasil / Réalité Silhouette Paradoxe

09 Avr - 21 Mai 2011
Vernissage le 09 Avr 2011

Fragmento Brasil / Réalité Silhouette Paradoxe (1977-2005), de Lothar Baumgarten, est une projection multiple de diapositives regroupant des détails de peintures d’Albert Eckhout représentant des oiseaux brésiliens, des dessins réalisés par les indiens Yãnomãmi et des photographies de paysages du Brésil prises par l'artiste.

Lothar Baumgarten
Fragmento Brasil / Réalité Silhouette Paradoxe

«L’oeuvre Fragmento Brasil consiste en six projecteurs de diapositives synchronisés, organisés en trois paires, avec deux projecteurs individuels additionnels. Chaque paire de projecteurs a son propre intervalle, pour un total de 648 images projetées simultanément. Les tailles de projection sont différentes et s’équilibrent en fonction des autres. Pour créer une dynamique, la taille des images projetées répond aux conditions architecturales du lieu d’exposition. C’est une pièce sans son, existant en cinq versions composées individuellement.

Les images proviennent de trois sources visuelles: des détails de quatre-vingts peintures d’Albert Eckhout représentant des oiseaux brésiliens sur fond de paysages européens idéalisés, datant de 1654; des dessins réalisés par les Indiens Yãnomãmi au crayon, à l’aquarelle et au stylo; des photographies en noir et blanc de paysages des régions du Rio Caroni, Rio Uraricuera et Rio Branco au Venezuela et au Brésil, que j’ai prises en 1977.

La façon dont la peinture européenne voit les oiseaux brésiliens s’oppose à la manière indigène qui, elle, explore. Dans cette configuration, lignes et concepts se recouvrent, souvent harmonieusement. Par cette strate binaire, elle nous renvoie à la diversité de deux mondes protéiformes. Cet enchaînement, qui mêle des images projetées à des intervalles qui changent indéfiniment, crée son osmose et son parcours. Les dessins abstraits et les aquarelles des Yãnomãmi reflètent le cosmos animiste d’une société sans écriture, et correspondent souvent aux motifs du plumage des oiseaux. Ces espèces servent aussi de gibier et sont couramment utilisées dans la cuisine indigène. Les Indiens prennent les plumes comme parure, et leurs motifs pour les peintures corporelles et la décoration des objets. Ces faits à la fois exceptionnels et intrigants, sont devenus, de par leur qualité remarquable, les matériaux à l’origine de cette pièce.

Les dessins des Yãnomãmi, qui n’avaient jamais vu de feuille de papier avant de dessiner dessus, sont extraordinairement sensuels dans leur vérité spirituelle et leur habileté technique. Ces compositions ont été initiées et collectées par moi-même lors de mon séjour de dix-huit mois dans la région du Haut-Orénoque auprès du peuple des Kashorawe-theri en 1978-1980. Grâce à leur mode de vie nomade et semi-sédentaire, j’ai pu rencontrer plusieurs autres groupes de Yãnomãmi, cette société qui vit dans les forêts du Sud du Venezuela et du Nord du Brésil dans les monts Parima et Pacaraima. Les motifs inspirés de la faune et de la flore sont très présents dans leur vie quotidienne. Ils représentent régulièrement les hekura, ces puissants esprits de leur monde animiste. Les photographies de paysages ont été prises durant une marche de cinq mois dans la Gran Sabana (La Grande Savane) au Venezuela et au Nord du Brésil en 1977.»

Lothar Baumgarten

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