ART | EXPO

Four Walls

05 Oct - 26 Jan 2014
Vernissage le 05 Oct 2013

Francis Baudevin rend hommage à John Cage titrant son exposition comme une pièce du compositeur: Four Walls. L’intérêt du plasticien pour la musique se voit ici réaffirmé par son travail, qui regroupe peintures, installations et photos, et dans son souhait de présenter cinq artistes ayant un lien direct avec la musique.

Francis Baudevin, Tatiana Arce, Nicolas Eigenheer, Jerome Hentsch, Anne Hildbrand, Frankie Joiris
Four Walls

La démarche de Francis Baudevin est basée sur une méthode rigoureuse à des fins de distanciation que vient pourtant contredire le rapport affectif qu’il entretient avec l’univers sonore et musical, lequel lui sert bien souvent de matériau premier. L’œuvre de Francis Baudevin s’est construite autour de la notion de réappropriation. Ses peintures sont abstraites mais leurs motifs bien concrets. Il les emprunte au packaging, aux pochettes de disques vinyles ou s’empare de pictogrammes et de logos industriels glanés ici et là. Ses peintures en sont l’agrandissement débarrassé de tout élément textuel.

Francis Baudevin connaît parfaitement l’histoire du graphisme et de l’abstraction géométrique, histoires qui sont entrelacées à bien des égards. En basant sa peinture sur le design d’emballage et la conception de logos, il reprend ou se réapproprie au fond l’histoire qui a influencé son homologue commercial. «Je préfère participer à la relance de l’abstraction moderniste», dit l’artiste, «plutôt que [de] commenter l’observation de l’épuisement des formes et des concepts. Je ne suis pas du tout résigné – au contraire, j’éprouve une réelle empathie envers le projet culturel de la modernité.»

Olivier Mosset, écrivant sur Baudevin en 2000, fait remarquer: «Il neutralise le poids idéaliste qui est parfois porté par l’art abstrait, en rendant sa méthode claire. Il n’y a là aucun mystère, seulement une preuve simple: un travail non illustratif qui met en lumière à la fois une situation commerciale et la notion d’art abstrait.»

La collection du Frac Franche-Comté compte une peinture de Francis Baudevin, Polydor, à propos de laquelle l’artiste indique: «Polydor est un pictogramme qui existe vraiment: un demi-disque vinyle sur un rectangle rouge. Et puis c’était aussi un label peut-être un peu désuet à l’heure du disque compact. Pourtant, il avait effectué un retour visuel, notamment dans des publicités. C’est une marque du groupe Universal qui propose des enregistrements célèbres de James Brown ou de Jimi Hendrix, des choses plus commerciales comme Abba, et puis d’autres disques plus confidentiels et pourtant magnifiques comme l’album 1969 de Julie Driscoll, ou alors quasi-introuvables dans leurs parutions originales comme Secrets of the Blue Bag d’Anthony Moore. Un label associé au mainstream avec cependant de nombreuses choses très pointues.» C’est dire combien dans le travail de Francis Baudevin, la peinture et la musique sont intrinsèquement liées.

«Mon intérêt pour la musique et ma démarche picturale ont longtemps été distincts, et c’est peut-être à travers mon enseignement à l’école cantonale d’art de Lausanne que ces domaines ont commencé à se conjuguer plus étroitement. J’ai bien souvent recours, et assez naturellement, à des exemples empruntés à la musique pour situer une démarche artistique, il y a en cela un apport pédagogique. Auparavant, j’avais envisagé mon implication en tant qu’artiste plutôt sous l’angle de la distanciation, par la peinture abstraite, même si j’y avais été amené par des démarches musicales. Puis j’ai commencé à rendre davantage visibles ces références musicales, peut-être encouragé par les étudiants eux-mêmes, ainsi que par quelques collègues» explique l’artiste.

Un intérêt qui se voit ici réaffirmé puisqu’en contrepoint Francis Baudevin a souhaité présenter, au côté de son travail, celui de cinq autres artistes ayant un lien direct avec la musique. Ainsi découvrira-t-on les productions de Tatiana Arce, Nicolas Eigenheer, Anne Hildbrand, Jerome Hentsch et parmi elles la photographie de Frankie Joiris, un portait photographique de John Cage. C’est in fine à ce compositeur américain que Francis Baudevin rend hommage en donnant pour titre à son exposition celui d’une pièce du compositeur: Four Walls.

Cette exposition vient alors prolonger l’exposition «Tacet» — un moment de silence sur une partition et qui constitue l’unique indication de 4’33’’, pièce pour piano de John Cage —, conçue par Francis Baudevin au Musée des Beaux Arts de Dole du 22 juin au 8 septembre 2013. Un journal conçu par l’artiste et mis à la disposition du public à Dole et à Besançon sert de lien entre les deux projets et explore une question chère à Francis Baudevin: qu’est-ce qui vient avant le silence et qu’est-ce qui lui succède?

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