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Formes de vie. L’art moderne et l’invention de soi

Réédition d’un essai paru en 1999 analysant les rapports de l’art moderne avec la vie quotidienne, de l’activité artistique avec la production industrielle. Une étude qui s’appuie sur la littérature et les arts plastiques pour décrire cet « art sans qualités », en relation avec le monde, et son interaction sur le comportement et l’attitude artistique.

— Éditeur : Denoël, Paris
— Année : 2003 (1999 pour la 1ère édition)
— Format : 14 x 22,50 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 169
— Langue : français
— ISBN : 2-207-25501-8
— Prix : 17 €

Introduction (L’art, le travail et l’existence)
par Nicolas Bourriaud (extrait, p. 13)

L’art moderne naît au moment de l’invention de la photographie, se développe en même temps que le système Taylor (1891) ou le cinéma (1895), et il est le contemporain des analyses économiques de Marx, qui meurt en 1883 : la modernité artistique, sous-produit de la civilisation industrielle, naît au cœur du processus de rationalisation du travail. Bien entendu, le premier combat de la peinture moderne consista à conquérir son autonomie expressive, mais cette revendication-là n’est que le prélude d’une lutte à mort contre la nouvelle idéologie du travail : l’art moderne se donne pour but de constituer un espace à l’intérieur duquel l’individu pourrait enfin déployer la totalité de son expérience et inverser le processus déclenché par la production industrielle, qui réduit le travail humain à la répétition de gestes ?mmuables dans une ligne de montage contrôlée par un chronomètre. La pensée de Marx participe pleinement au développement de ce programme, en montrant que la production de biens matériels (la poiésis), et la production de soi à travers des pratiques individuelles (la praxis) s’équivalent dans le cadre général de la production des conditions d’existence de la collectivité. L’art moderne, cest sa vertu première, refuse de considérer comme séparés le produit fini et l’existence à mener. Praxis égale poiésis. Créer, c’est se créer.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Denoël)

L’auteur
Nicolas Bourriaud est né en 1965. Écrivain et critique d’art, il a déjà publié Esthétique relationnelle et L’Ère tertiaire (roman). Fondateur de la revue Documents sur l’art, il fut égalernent l’un des animateurs de la revue Perpendiculaire. Il est aujourd’hui co-directeur du Palais de Tokyo.