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For my Daughter’s Daughters

Le temps, la mort. La succession des générations, les filles de ma fille annoncent ma mort. Les photographies de famille également, qui traduisent le cours inéluctable de la vie, de la mort et du temps.

Young Hun Kim et Christelle Spano, qui ont étroitement collaboré pour l’action For my Daughter’s Daughters (Pour les filles de ma fille), présentent également chacun leurs œuvres. Le premier a filmé le grand-père de la seconde et utilisé des vêtements de sa famille. Celle-ci expose une œuvre réalisée à partir de portraits photographiques de sa famille maternelle.

Young Hun Kim est préoccupé par le temps qui passe, par la mort. Le grand-père de Christelle Spano qu’il a filmé a perdu sa femme, et va lui-même mourir. Sa petite fille grandira, aura des enfants, vieillira et disparaîtra à son tour… Le grand-père apparaît, face à sa fenêtre, sur un moniteur vidéo posé sur un tas de vêtements des années soixante-dix. Lorsqu’il souffle, un système électrique fait se soulever la robe de mariée de sa fille accrochée sur le mur.
Trois générations se rencontrent: le vieil homme derrière sa fenêtre, sa fille à travers sa robe de mariée, et ses petits enfants grâce aux robes, bonnets de laine, pulls, chaussures posés en tas parterre. Une émotion émane de la relation entre les vêtements datés et authentiques (la fille et les petites filles), l’homme sur l’écran et la robe de mariée de sa fille. Le tout crée une espèce d’énergie, de mouvement, de communication entre le présent, le passé, les différentes générations.

Christelle Spano expose un vieux tabouret en bois supportant un très ancien projecteur de diapositives qui diffuse de nombreuses photos de famille projetées sur trois valises en carton choisies pour leur patine, leur authenticité, leur histoire. Autour de l’appareil trois barres d’aluminium forment un tipi. Le projecteur très «mécanique» et le squelette du tipi évoquent un enfant enfermé qui joue en sécurité. Il s’agit de bribes de mémoire d’enfance ; on a levé le voile et laissé passer le temps.

La projection des photos de familles sur les valises est une façon d’exhumer les trésors cachés dans les malles des greniers. La couleur orangée de la projection, due à une très vieille lampe colorée, amplifie l’aspect suranné et chaleureux. La luminosité assez magique de la projection transforme les valises en véritables boîtes de Pandore.

Toutes les générations sont présentes. Christelle Spano apprécie le chaos des photos anciennes et récentes, le mélange des générations et des sexes, l’entrelacement du temps, comme Young Hun Kim.

Une autre œuvre de Christelle Spano, également sans titre, se compose de dizaines de véritables électrocardiogrammes collés les uns aux autres. Tracés à l’encre rouge, comme du sang, ils ont quelque chose de grave, de funèbre, d’organique. Les lignes rouges continues seraient comme un axe du temps, et les lignes brisées comme les accidents de la vie. La vie, la mort et le temps sont ici encore en jeu. Ainsi que le cœur, symbole de la vie et siège des sentiments. On entre de plain pied au «coeur» d’inconnus, peut-être déjà morts.

— For My Daughter’s Daughter, 2002. Video, light detecting device, wedding dress, waterproof cloth, fans, clothes from three generations. 190 x120 x150 cm.
— The Time That Had Belonged To Them, 2001. Video (3°Ø40°±), light detecting device, cow skins, fans, waterproof cloth, 170 x 450 100 cm.
— Water. The Time That Had Belonged To Them, 2001. Video (3 min. 40 s.), light detecting device, water pump, hose, steel bucket. 280 x 50 x 50 cm.
— Breath, 2001. Video (3 min. 40 s.), light detecting device, clothes, Fan, Waterproof cloth, 220 x 50 x 70 cm.
— For My Son’s Son, 2001. Video (4 min. 30 s.), bad, light detecting device, clothes, fan, waterproof cloth. 90 x 160 x 210 cm.
— Mr. Stomach On Gihon River, 1996. Wooden bars, fabric, steel pipes, fan, slide projector. 400 x 280 x 190 cm.

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