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Flowers

PSandra Ktourza
@12 Jan 2008

Anh Duong a choisi de se peindre, de faire de son œuvre un immense journal intime. Aux autoportraits tourmentés, succèdent, dans son exposition Flowers, les natures mortes. Les fleurs devenant les mots de sa propre existence.

Anh Duong a choisi de se peindre. Elle le fait depuis ses débuts en 1988, à l’âge de vingt-huit ans. Son œuvre est un immense journal intime, et cette nouvelle exposition, Flowers, ne déroge point à la règle. On ne retrouve qu’elle et ses mots. L’artiste change toutefois de style : les autoportraits tourmentés auxquels elle nous avait habitués se transmuent en nature morte. Son corps, qu’elle représentait auparavant décharné, enlaidi et obscènement mis en scène, s’incarne désormais dans des bouquets de fleurs. Après l’expressionnisme proche de Schiele ou de Kokoschka, on se retrouverait donc face au plus grand des classicismes ?

Non, car ses fleurs sont un Moi. Et leur texture épaisse, leurs contours prononcés et leurs couleurs flamboyantes ne relèvent absolument pas d’une esthétique classique. Les fleurs ne sont pas là pour elles-mêmes, elles expriment des moments forts de la vie de l’artiste. Avec leurs traits exagérés et leurs couleurs presque criardes, elles ne sont pas si loin des œuvres précédentes. Sauf que, cette fois, le Moi avance masqué. Au fil des trente tableaux exposés, il se disperse au travers de lys, roses, tulipes ou pivoines, fleurs isolées ou en bouquets. Il n’est donc plus livré en pâture. Il est à décoder. D’où les titres étranges des tableaux : Le sourire est incompatible avec la loi de la causalité. Drôle de titre pour un bouquet de fleurs ! Les fleurs isolées, peintes en petit format et sur fond noir, ont des titres de notions abstraites : Envie, Trouble, Vice ou Lassitude. Ou la triste rose tête basse, intitulée La Fleur des idées fixes.
Les grands formats, réservés aux bouquets, sur fond beige, sont des réflexions : Ne pas voir dans les choses plus qu’il n’y a, par exemple, pour des bouquets vus en transparence au travers de vases. Ou encore ce bouquet de magnifiques roses — fanées —, dont les pétales se déposent délicatement au pied du vase. Il a pour titre Les Roses de mon père.

Anh Duong
— Have you ever Been Spanked by your own Sperm ?, 2004. Huile sur toile. 122 x 122 cm.
— Aux funérailles du désir, 2004. Huile sur toile . 50,8 x 40 cm.
— Ne pas voir dans les choses plus qu’il n’y a, 2004. Huile sur toile. 86,36 x 45,72 cm.
— Les dessous d’une obsession, 2004. Huile sur toile . 50,8 x 40 cm.
— Les mémoires d’un canapé, 2004. Huile sur toile. 122 x 122 cm.

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