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Florence Reymond, la montagne cent fois recommencée

Florence Reymond réalise des peintures de paysages aux couleurs et à la gestuelle franches entre réminiscences de dessins enfantins et art ornemental universel. Dans ses œuvres, la forme pyramidale — évoquant montagnes, temples ou greniers — y est récurrente et se fait l’écrin de la divinité ou de ce qui permet de maintenir la vie, et le sens de la vie.

Information

Présentation
Frédéric Bouglé, Nadeije Laneyrie-Dagen, Guillaume Lasserre, Natascha Cucheval
Florence Reymond, la montagne cent fois recommencée

Un petit nombre d’objets revient avec insistance dans les toiles de Florence Reymond. D’une part, il y a ce qu’on peut appeler les «traits d’enfance». Ce sont quelquefois des objets, ainsi le Pinocchio qui se dresse dans le polyptyque jaune; plus souvent, la référence correspond à un mode de faire. Réminiscences des dessins enfantins: un sapin de Noël aux branches relevées à leur extrémité, de vagues plantes grasses aux feuilles évasées, des étendues d’eau ou des morceaux de pré recouverts d’un grillage qui peut être une barrière; et puis ces bordures décoratives, les lignes droites reprises de bouclettes, exercices d’écriture pour classes maternelles, embryons de cadres décoratifs ou, selon les cas, assises terrestres ou amorces de ciel, dans un langage graphique qui est ou serait puéril.

D’autre part, des suggestions venues d’un ou de plusieurs ailleurs géographiques habitent ces peintures. L’Asie fréquemment, l’Afrique un peu moins souvent, et tel site dans l’est de l’Europe, s’y croisent et s’y mêlent. Aucune volonté d’étrangeté, dans tout cela, et une expérience personnelle réduite à un souvenir visuel et auditif fort, celui de fêtes colorées et bruyantes en Inde. Davantage, le résultat d’une inquiétude dont la trace se décèle dans les conversations qu’on peut avoir avec l’artiste.

Que voit-on en effet dans les tableaux? Une forme pyramidale s’y retrouve régulièrement. Quelquefois, il s’agit d’une montagne: elle a la teinte et la texture de la terre. La montagne peut prendre la couleur du beurre: on songe à ces mottes de graisse, offrandes au dieu ou aux dieux dans les temples bouddhistes ou hindouistes.
D’autre fois, des pierres sont empilées les unes sur les autres: c’est aux arrangements de cailloux construits par les marcheurs en l’honneur des esprits des hauteurs que l’on pense. Plus souvent, le bas des montagnes, mottes ou kerns, s’évase en une sorte de bol. On reconnaît un temple, stupa gigantesque ou réplique miniature et de nouveau offrande. Il peut arriver encore que la construction pyramidale soit un grenier: la resserre à grains des pays au sud du Sahara.

Dans plusieurs tableaux, ces montagnes, ces temples, ces greniers, s’ornent de tiges dressées, suggestions inavouées de croix ou de suites de fanions: des drapeaux de prières. Dans tous les cas, quoi qu’elle soit ou semble représenter, la forme pyramidale s’affirme chez Reymond comme précieuse et riche d’un sens: l’écrin de la divinité ou de ce qui permet de maintenir la vie ou le sens de la vie.
Nadeije Laneyrie-Dagen

Cette première monographie de Florence Reymond est accompagnée d’un film de Damien Faure consacré à l’artiste sur DVD, qui documente une série d’œuvres récentes.

Sommaire
— Une jubilation gestuelle. Peintures 2012, par Frédéric Bouglé
— Motifs et transcendances, par Nadeije Laneyrie-Dagen
— La jeune fille et la mort. Conversation avec Florence Reymond, par Guillaume Lasserre
— Re-chut!, par Natascha Cucheval
— Liste des expositions
— Colophon
— Version anglaise
— Quand les filles flirtaient avec les dieux, Damien Faure (DVD)