ART | EXPO

Film d’actualités, l’actu est à nous

11 Fév - 18 Mai 2014
Vernissage le 11 Fév 2014

La démarche de l’artiste Nika Autor sous-entend l’impossibilité d’un savoir objectif dissocié du lieu incarné. Elle s’intéresse aussi à l’affect et à sa capacité à fournir un accès transformatif au savoir sur des événements précis et historiquement capitaux intervenus sur le sol de l’ex-Yougoslavie durant trois périodes.

Nika Autor
Film d’actualités, l’actu est à nous

La démarche de l’artiste Nika Autor sous-entend l’impossibilité d’un savoir objectif dissocié du lieu incarné. Elle s’intéresse aussi à l’affect et à sa capacité à fournir un accès transformatif au savoir sur des événements précis et historiquement capitaux intervenus sur le sol de l’ex-Yougoslavie durant trois périodes: les années 1940, la fin des années 1980 et l’année 2012.

Avec ses collaborateurs, elle a relevé le défi de ranimer les actualités — «cette forme cinématographique extrêmement résiliente», selon Ciril Oberstar —, tout en continuant, de ce fait, à questionner la place de l’engagement dans l’art contemporain. Pour Oberstar, la presse filmée constitue, «de par son caractère ouvert et propice à l’intervention et à la propagande politiques, le théâtre privilégié de la lutte des classes dans le cinéma. Paradoxalement, c’est bel et bien cette réalité «extrafilmique» des luttes sociales qui le révolutionne sans cesse et le maintient en vie».

Le titre «Film d’actualités, l’actu est à nous» fait référence à deux œuvres cinématographiques notoires: Finally Got the News, film d’actualités américain réalisé en 1970 par le groupe Newsreel sur la Ligue des ouvriers révolutionnaires noirs, issus de l’industrie automobile de Detroit, et La Vie est à nous (1936), film d’actualités français commandité par le Parti communiste, traitant de l’opinion de la classe ouvrière sur la société de l’époque. Les deux films se servent du «montage» dans l’intention de susciter auprès des spectateurs une réflexion critique sur la société dont ils font partie. A l’instar de ces actualités historiques, le choix des œuvres exposées vise à explorer l’interpénétration de l’image et de l’engagement social à l’intérieur du dispositif filmique ainsi que la dialectique du montage et de la réflexion. Alors qu’historiquement, cette forme servait d’arme psychologique à la propagande, elle est comprise ici en tant qu’outil de recherche et de propagande.

L’exposition présente Newsreel 55, dernière œuvre collective en date de Nika Autor, Marko Bratina, Ciril Oberstar et Jurij Meden, ainsi qu’une sélection d’images documentaires issues des recherches de la plateforme artistique expérimentale Obzorniška Fronta (Front Actualités), qui se destine à la production sérielle de la presse filmée. La rencontre programmée à l’occasion de l’exposition constitue l’élément performatif et formateur de celle-ci.

Dans ce cadre, des critiques et des théoriciens et des artistes présentent, sous forme de projections commentées, l’histoire hétérogène et complexe de la presse filmée yougoslave et deux films d’actualités récents produits par Obzorniška Fronta.

À travers les histoires et les sujets développés par ce collectif (histoire et dynamique économique de l’ancien pays commun, la Yougoslavie; Maribor, ville de l’industrialisation/désindustrialisation; la guerre des années 1990; la question de la lutte des classes aujourd’hui; les mouvements illégaux/contestataires), et la spécificité même des sujets abordés, l’exposition «Film d’actualités, l’actu est à nous» essaie de démontrer que l’on peut identifier, dans la sphère du mode de production capitaliste, certains traits communs et universels.

Newsreel 55 est un collage de citations, d’images d’archives et d’actualités relatives à la République fédérative socialiste de Yougoslavie, et tout particulièrement à Maribor, troisième ville industrielle de l’ancien pays. Par ces évocations, le film interroge les mutations sociales et politiques du XXe siècle qui ont forgé la dynamique économique, politique et sociale de cette ville. Maribor, ville occupée, ville industrialisée et désindustrialisée, marquée par l’effondrement de l’État yougoslave. Dans une démarche empathique, ces périodes sont représentées à travers le regard d’une génération qui a grandi au tournant de deux systèmes, ne pouvant être qu’un témoin silencieux de la montée du capitalisme dans toute sa dimension sinistre. Comment se servir de l’image, de son pouvoir et de ses effets pour soulever la question de la lutte des classes et la propager à aujourd’hui?

Vernissage
Mardi 11 février 2013

 

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