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Fernand Léger: reconstruire le réel

01 Mar - 02 Juin 2014
Vernissage le 01 Mar 2014

Fernand Léger, insatiable observateur de son époque, aurait également été attentif aux développements surréalistes. Voilà, ce que nous dévoile cette exposition qui met en évidence des connivences entre l’œuvre de l’artiste et les préceptes de ce mouvement qui semblent a priori éloignés.

Fernand Léger
Fernand Léger: reconstruire le réel

Considéré comme un peintre «réaliste» en phase avec les éléments de la vie moderne, Fernand Léger propose, des années 1920 à l’immédiat après Seconde Guerre mondiale, des associations d’objets déroutantes, jouant de ruptures d’échelle, de mises en espace d’objets flottants, de motifs biomorphiques. S’il reste fidèle au «réalisme de conception» qu’il définit comme celui de la ligne, de la forme et de la couleur, il semble aussi attentif aux recherches plastiques des Surréalistes. Ami de Man Ray et de Marcel Duchamp, il affiche son amitié avec le milieu surréaliste, notamment lors de l’exposition «Artists in Exils» en 1942 à la galerie Pierre Matisse de New York.

Un regard approfondi sur l’œuvre de Léger permet de dégager de grands axes qui semblent pouvoir être rapprochés de certains préceptes caractéristiques du surréalisme. Dans son Å“uvre, les rapprochements contrastés de formes sont à la base même des recherches engagées par l’artiste mais la confrontation incongrue d’objets devient aussi une modalité courante. L’objet est définitivement libéré de toute contrainte et devient une entité à part entière: parapluie, compas, boîte d’allumettes, trousseau de clefs en éventail, roulement à bille, balustre, machine à écrire, chapeau melon, etc., sont autant d’éléments qui figurent dans son iconographie et dont le traitement, comme dans la Joconde aux clefs, permet de créer des rencontres aléatoires, assez proches finalement de la définition du hasard objectif, chère aux Surréalistes. Ces derniers, rappelons-le, ont fait leur la célèbre phrase de Lautréamont: «Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie», pour en faire une des définitions de leur esthétique.

Comme les Surréalistes, Fernand Léger est fasciné par «l’art de la vitrine», cet assemblage insolite d’objets rendus libres du fait de leur décontextualisation. Ainsi, l’œuvre de l’artiste connaît une période dite des «objets dans l’espace». Il semble ainsi évoluer du monumental au sculptural et donne la priorité à une perspective inversée, repérable dans de tourbillonnantes compositions. Des objets initialement inertes sont subitement ramenés à la vie par leur mise en mouvement. Si les compositions antérieures faisaient reposer les objets sur des supports (tables, guéridons), tels des ancrages dans le réel, les objets sont désormais dégagés des lois de la gravité ou parfois seulement reliés à des cordes, torons, tresses ou autres rubans.

Entre 1929 et 1933, Fernand Léger abandonne l’univers mécanique et industriel au profit, à son tour, de formes naturelles, d’essence minérale, végétale ou animale. Il subit l’influence de Jean Painlevé dont le cinéma scientifique élargit la conscience visuelle de l’époque en scrutant le monde microscopique. Ainsi, il délaisse le spectacle de la vie moderne pour une approche plus lente du réel. De la série des objets dans l’espace, il garde le fond neutre où flottent ses formes abstraites, souples et molles qui semblent toutes venir du monde organique.

Constituée de dessins austères en noir et blanc qui évoquent la technique de la gravure par leurs jeux d’ombre et de lumière, une étrange série graphique témoigne d’une recherche minutieuse du sujet. Choisis dans le périmètre quotidien de l’artiste, les objets appréhendés (veste, gants, lunettes, compas, etc.) subissent une manière de métamorphose par agrandissement de leurs formes et par soustraction à leur univers habituel. Fruit d’une intense observation du réel, les dessins d’objet se font ainsi support de l’imaginaire et se dotent d’une puissance lyrique entièrement nouvelle.

L’exposition «Fernand Léger: reconstruire le réel» entend explorer les rapports de l’Å“uvre de Fernand Léger avec les préceptes d’un mouvement qui, à première vue, semblent lui être étrangers. Elle se propose de mettre en évidence les similitudes entre des mondes qui semblent très éloignés mais qui, étant contemporains, peuvent tout de même présenter certaines connivences.

L’exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes et le musée des beaux-arts de Nantes.

Commissariat
Blandine Chavanne, Maurice Fréchuret, Diana Gay, Claire Lebossé et Nelly Maillard

Vernissage
Samedi 1er mars 2014

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