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Fellinicittà

Aucun cinéaste n’aura autant empreint le cinéma de poésie que Federico Fellini. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait “Il Poeta”. “Il Faro” aussi, car il balayait le ciel de Cinecittà d’un faisceau lumineux encore plus phosphorescent que celui de la Columbia.

 

Information

Présentation
Tullio Kezich, Jean-Max Méjean, Pierre Étaix, Alexandrine Dhainaut, Daniela Barbiani, Jean-Michel Dufour, Roger Dadoun, …
Fellinicittà

Tullio Kezich. Extrait

Ce qui m’a immédiatement séduit dans ce recueil d’essais et de témoignages, c’est le titre, simple mais suggestif, qui avait été initialement choisi: Ciao Maestro. “Ciao”, en Italie, est la manière la plus amicale de saluer quelqu’un ; c’est comme si l’on disait : je te tutoie, mais j’ai conscience que c’est un privilège car je sais bien à qui j’ai affaire. Le résultat, pour ce que j’ai pu en déduire, sera une sorte de boîte magique que l’on pourra lire d’une traite ou en sautant de-ci de-là, qu’on pourra relire, méditer et partager. Peut-être même y polémiquera-t-on, mais les idées vont en tout cas circuler.

Fellini ne tenait pas la critique en haute estime. Évidemment, il n’aimait pas les critiques négatives et parfois elles l’énervaient, en particulier lorsqu’il était jeune et qu’il avait contre lui toute la gauche ; mais c’était avant que les Français ne viennent modifier l’image qu’on avait de lui en Italie.

Cela dit, ses colères ne duraient pas et elles ne se traduisaient jamais, à ma connaissance, par des prises de position publiques, des polémiques, et encore moins par des droits de réponse adressés aux journaux. Federico réservait ses silencieuses vengeances pour l’écran : par exemple quand il fit pendre, de façon symbolique, l’odieux critique interprété par Jean Rougel dans 8 ½ – personnage inspiré d’un vrai scribouillard dont je préfère taire le nom.

Parfois, le cinéaste ne parvenait pas à comprendre les arguments de ce critique, et de bien d’autres encore ; les jugeant trop répétitifs, il y jetait un oeil et laissait tomber le journal en soupirant. Il me demandait souvent : “Mais qu’est-ce qu’il voulait dire celui-là ? Tu l’as compris, toi ?”