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Familier

03 Déc - 21 Fév 2009
Vernissage le 02 Déc 2008

Les photographies d’Arièle Bonzon montrent des visages, des animaux et des lieux qui nous semblent familiers. Rien ne se revendique comme particulier dans ses clichés, comme si l’artiste employait une forme photographique banale où il n’y a "rien à voir".

Communiqué de presse
Arièle Bonzon
Familier



Du coq à l’âne…
La photographie dans l’esprit de beaucoup d’entre nous reste une preuve, une trace de réalité, une sorte d’attestation d’existence, d’intimité vécue avec un réel.

Certes dans chacune d’elle, hors de tout contexte, il est possible de nouer des amarres avec ce que nous donnons comme définition à la réalité.

Il en est tout autrement lorsque deux photographies dialoguent, immédiatement nos certitudes vacillent, la contamination de l’une à l’autre nous conduit à douter de la cause et de l’effet, la fiction pointe.

Je n’ose pas penser à ce qui se produit lorsqu’il y en a plus que deux en présence, le chaos guette ces associations qui interrogent la partie et le tout, ces débats glissent en ébat d’où l’ordre est mis à bas.

Arièle Bonzon (dont l’orthographe du prénom a pour programme de couper les ailes de l’attendu) se plaît dans « Familier » à mettre en place les objets (photographiques) d’un culte particulier.

Elle confectionne une trame et une chaîne qui tissent ce culte en images : esprit, démon, génie, s’associent pour nous garder, nous inspirer à l’aune du démon familier de Socrate.

Nous sommes au coeur de la nasse du sens : « Familier », cela paraît acquis, on se sent en terrain conquis, dans l’ordinaire, l’habituel, l’accoutumé, dans la facilité, conforté par ce réel que l’on croit connaître et qui se répand à l’envi à la surface des photographies.

De plus, Arièle nous confirme dans ce sentiment par les sujets qu’elle traite, des animaux familiers, des visages que l’on peut considérer comme familiers même si nous ne les connaissons pas, des lieux également familiers, rien ne se revendique comme particulier comme si elle employait une forme photographique familière, banale où il n’y a rien à voir.

Et oui il faut circuler, c’est là que se trouve le glissement, si les jeux des langages images changent, ils changent les concepts et, avec les concepts, les significations des images.

En représentant les faits autrement, par la contamination des sens dûe à la contiguïté, certains jeux de langage perdent de l’importance au profit d’autres.

Arièle émet des assertions dotées de différents degrés de certitude, elle interroge la mémoire, la perception, elle vérifie la logique et la description pour envisager l’erreur, elle établit et éprouve ses convictions.

Une vue rapide et première établira le doute comme principe fondateur du travail, mais qui voudrait douter de tout n’accéderait pas au doute. Le jeu du doute présuppose la certitude.

Arièle Bonzon dans « Familier » use, érode, fatigue les principes établis de la photographie et de ses conventions, elle met en crise sa mémoire, ses sens, autant que le médium photographique qui a été enfermé dans un « ça a été » ; elle propose une écoute visuelle, elle nous incite à crever le murmure de la mutité des photographies, à attendre et à surprendre l’instant où à la surface des images se forme la peau de notre réel comme se forme celle du lait que l’on crève lorsqu’il monte. (Jacques Damez)

Vernissage

Mardi 2 septembre 2008. 18h-21h. En présence de la photographe.

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