ART | EXPO COLLECTIVE

Faces à faces

PLaura Houeix
@10 Déc 2008

Vincent Corpet, Marc Lathuillière, Max Streicher, Denis Castellas, Jean-Michel Pradel-Fraysse… des faces à faces d’artistes, qui expriment chacun dans leurs arts les difficultés et les violences de la communication humaine.

Par l’expérience des corps et des regards, les huit artistes présentés à la galerie Eric Mircher poussent à l’extrême, chacun dans leur medium, le sens du mot relationnel, le rapport paradoxal et violent du face à face.

L’exposition sous-titrée «Nos têtes-à-têtes seront sans fin» s’ouvre sur un duo gonflable en tissus vinylique, deux énormes personnages plein d’air, affalés, écrasants et légers à la fois. Max Streicher impose ses présences fantomatiques, ces deux géants aériens qui ne semblent communiquer que par leurs corps, silencieux. Mais aborder le face à face c’est aussi s’interroger sur l’image même de ce qui crée la communication, le rôle social, la langue, le physique.

Dans les photographies grands formats de Marc Lathuillière différents métiers sont photographiés, chacun dans son rôle social, mais tous portent le même masque: poissonnier, boucher, vigneron, deviennent anonymes, pour n’être plus que leur propre rôle, leur image vis-à-vis d’autrui. Pas de face à face sans autrui, et c’est là le drame de la communication, se comprendre et s’entendre implique bien plus que de parler une même langue.

Ainsi, Jean-Michel Pradel Fraysse fait saillir  des murs, trompes et museaux, une métonymie des différents modes de la communication au delà du langage.

L’exposition va crescendo, dans ce complexe rapport à l’autre. La salle de fond accueille les diptyques de Vincent Corpet, mêlant nature morte et corps humains enchevêtrés. Le face à face se fait corps à corps, tension, violence.
Et comme si cet état de fait était inéluctable, le rapport humain génère de la violence, Narwin Ponyandeh expose plus crûment encore ce rapport sadique, voir masochiste dans des toiles hyperréalistes, scène de flagellation, où la relation perverse, homme-femme, qui se joue à travers le désir et la passion.

Mais le face à face est aussi celui du spectateur avec l’œuvre, et peut se concevoir avec humour et dérision comme dans le travail pictural de Sylvie Falfrowska.

Et finalement, difficile de dire ce qui ne relève plus du face à face dès lors même qu’une exposition se veut être une rencontre entre un spectateur et un artiste.

Vincent Corpet
— 684 P 2V 12VI 96, 1996. Huile sur toile. 146 x 114 cm

Jean-Michel Pradel-Fraysse
— Trompe (petite), 2008. Céramique émaillée. 15 x 11 x 10 cm
— Trompe (grande), 2008. Céramique émaillée. 36 x 16 x 16 cm
— Trompe (moyenne), 2008. Céramique émaillée. 18 x 12 x 13 cm
— Singe, 2008. Céramique. 19 x 23 x 31 cm

Max Streicher
— Waking Giants, 2006. Nylon spinnaker, ventilateurs. Chaque figure gonfable 5 m
— Sans titre, 2007. Photogram. 50 x 127 cm

Sylvie Fajfrowska
— Sans titre, 2008. Cire et vinyle sur toile. 40 x 160 cm

Marc Lathuillière
— La viande de qualité: Alain Daire, Boucher, Boucherie de la Fontaine, Cunlhat, 2008. Lambda print sur aluminium. 50 x 75 cm

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