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Fables du doute

24 Mai - 26 Juil 2008
Vernissage le 23 Mai 2008

Les oeuvres de l’exposition "Fables du doute" proposent au spectateur d’établir un double rapport avec leur contenu : d’un côté, elles nous invitent à prendre conscience de la distance historique qui nous sépare de certaines croyances et attitudes culturelles ; de l’autre, elles montrent la persévérance de leur force d’attraction, témoignant d’un désir contemporain pour l’irrationnel.

Communiqué de presse
Athanasios Argianas, Ulla von Brandenburg, Kit Craig, Christian Frosi, Nick Laessing, Goshka Macuga, João Maria Gusmão et Pedro Paiva.
Fables du doute

Dans un désir d’ouverture à l’international, La Galerie poursuit son programme de résidences pour curateurs étrangers et accueille cette année Simone Menegoi en résidence trois mois à Noisy-le-Sec pour réaliser l’exposition « Fables du doute ». Cette exposition explore les rapports qui, au XIXe siècle et au cours d’une partie du XXe siècle, ont existé entre science, art et croyances irrationnelles (spiritisme, magie…).

Sept artistes européens, dont beaucoup exposent pour la première fois en France, se confrontent à cette dimension de l’histoire culturelle en adoptant une position complexe et ambiguë, où un certain recul n’exclut ni l’attrait du passé ni le mystère.

On peut décrire ce positionnement en se référant à la célèbre théorie esthétique de Samuel Taylor Coleridge. Le poète romantique anglais affirmait que le rapport du lecteur à l’oeuvre de fiction se fondait sur une « suspension de l’incrédulité » – un abandon momentané de la faculté critique permettant l’implication émotionnelle dans le récit.

Le titre paradoxal de l’exposition « Fables du doute » fait allusion à la possibilité inverse : il imagine un rapport à la narration reposant à la fois sur la croyance et sur le doute. La relation à l’oeuvre qu’il propose n’est ni crédule ni simplement sceptique, ni nostalgique ni indifférente, mais embrasse toutes ces possibilités en même temps, venant résoudre provisoirement leur antagonisme.

Au-delà de leur intérêt pour les rapports entre science, art et irrationnel, les artistes de l’exposition partagent certains choix esthétiques. Renonçant intentionnellement à la technologie numérique, ils privilégient des supports historiques comme la pellicule filmique et le disque vinyle.

Ils ont également recours à la peinture et au dessin figuratifs, et parfois aux médiums les plus anciens pour représenter la réalité ou du moins en rendre l’illusion. Ces mêmes artistes recréent encore des inventions et des techniques qui, tombées dans l’obsolescence, redeviennent à nos yeux inconnues et retrouvent un pouvoir esthétique oublié.

Les oeuvres de l’exposition « Fables du doute » proposent au spectateur d’établir un double rapport avec leur contenu : d’un côté, elles nous invitent à prendre conscience de la distance historique qui nous sépare de certaines croyances et attitudes culturelles ; de l’autre, elles montrent la persévérance de leur force d’attraction, témoignant d’un désir contemporain pour l’irrationnel.

Parmi les inspirations d’Athanasios Argianas, on retrouve le design des premiers instruments électroniques et les machines imaginées par l’écrivain Raymond Roussel, la sculpture abstraite des années vingt et l’art populaire. Ses peintures, sculptures et compositions musicales évoquent un univers parallèle dans lequel se révèlent des liens insoupçonnés.

Ulla von Brandenburg s’intéresse à la relation qui existe entre l’art et la magie dans son double sens de prestidigitation et d’accès supposé au monde surnaturel. Instruments d’illusion, la magie et l’art maintiennent tous deux un halo de mystère par rapport à leur essence et à leurs propres mécanismes, jouant ainsi avec les attentes et les désirs du spectateur. Ses aquarelles et dessins muraux, ses performances et ses films en 16 mm font souvent référence au XIXe siècle, où cette affinité était plus forte et visible, mais aussi à l’art qui a su l’exprimer plus que tous les autres : le théâtre.

Kit Craig choisit des images liées aux croyances ésotériques et en analyse la structure en les traduisant par de petites sculptures abstraites d’argile, de bois, de carton. Par la suite, il extrait de celles-ci des dessins, réalisant ainsi un autre travail d’analyse et de démystification. Dans ce double passage, la charge de mystère des images originales est balayée. Mais comme par vengeance, les dessins s’emplissent d’une dimension inattendue : des objets étranges apparaissent tels des assemblages surréels, des machines dont le fonctionnement semble incompréhensible, des curiosités scientifiques…

Le point de départ du travail de Christian Frosi, sculpteur et vidéaste, ne s’apparente pas aux objets ou aux images, mais provient des croyances qui leur ont donné vie et du rapport que nous entretenons avec celles-ci. Tout en suivant ce principe, il confronte des arguments scientifiques et tente de mettre en avant leur contenu psychologique et émotif.

La sculpture ’Reconstruction approximative d’une expérience de lévitation électrostatique » (2005) recrée toutes les conditions nécessaires à une expérience de lévitation, mais sans la réaliser réellement. Ce qui compte pour l’artiste n’est pas le résultat concret, mais davantage les attentes du spectateur.

João Maria Gusmão et Pedro Paiva sont fascinés par les origines : celles de la science contemporaine, mais aussi celles des médiums et des techniques d’expression. Leurs courts films muets en 16 mm, leurs photographies et leurs installations rejouent l’état psychologique de stupeur et d’admiration qu’un homme du début du XXe siècle aurait pu ressentir face aux innovations technologiques et scientifiques -découvertes qui rendaient plausible le fait de les associer à des phénomènes présumés surnaturels, comme la télékinésie ou le don d’invisibilité.

Nick Laessing revisite l’histoire de la science en se concentrant sur les aspects qui apparaissent aujourd’hui comme marginaux voire fantaisistes. Il associe sa propre figure d’artiste à celle du scientifique amateur – un certain type de chercheur que la spécialisation croissante de la profession a fait disparaître, mais qui a été déterminant pour le progrès de la science moderne. Avec ses mécanismes et ses installations, il semble vouloir redécouvrir de façon empirique, à travers l’expérience directe, des lois physiques élémentaires ; par le biais de la vidéo, il documente des figures scientifiques qui ont réellement existé, mais de façon si excentrique qu’elles paraissent aujourd’hui imaginaires.

La démarche de Goshka Macuga tend à dissoudre les barrières entre artiste, collectionneur et commissaire d!exposition. Elle crée des installations sophistiquées dans lesquelles la pratique de l’archivage et celle de la scénographie d’exposition s’éloignent de leurs critères scientifiques contemporains pour évoquer une logique de ’cabinet de curiosités’. Son installation « Magic » (2006) présente deux cent quarante images de l’époque victorienne tirées du livre « Magic : Stage Illusions, Special Effects and Tricks Photography » (1898), un ouvrage célèbre en son temps puisq’il révélait la plupart des astuces servant à la réalisation d’illusions et de phénomènes surnaturels, devant un objectif ou en public.

critique

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