ART | EXPO

Here & Elsewhere de Kerry Tribe

13 Avr - 03 Juin 2006
Vernissage le 12 Avr 2006

Sur une proposition de Muriel Quancard Contemporary Art, la galerie Maisonneuve présente la première exposition personnelle de Kerry Tribe en France: deux œuvres vidéos de l’artiste – Here & Elsewhere, 2002 et Near Miss, 2005 – ainsi que deux photographies.

— Here & Elsewhere, 2002
DVD, double projection vidéo, 10’30

Here and Elsewhere réunit deux vidéos synchronisées, projetées côte à côte, qui font apparaître un raccord vertical à leur jonction. L’«intrigue» tourne autour d’un entretien entre un homme adulte qui reste hors champ (interprété par le critique et théoricien anglais du cinéma Peter Wollen) et une enfant de dix ans à l’air grave (jouée par sa fille Audrey).

Des plans de coupe nous présentent à intervalles réguliers la petite fille dans le cadre quotidien de son domicile et des vues de Los Angeles ou des environs. Les questions posées à la petite fille délimitent une série de thèmes, qui prolongent chacun l’échange précédent.
Au fil de l’entretien, les deux interlocuteurs évoquent l’intersubjectivité, l’existence, la temporalité, la mémoire, l’épistémologie, la photographie et le désir.

Les questions de Peter Wollen s’inspirent plus ou moins de la série expérimentale France / tour / détour / deux / enfants que Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville ont tournée pour la télévision en 1977-1978.
Les relations qui s’instaurent entre les images de part et d’autre du raccord vertical tissent un fil conducteur entre les idées abordées dans l’entretien, de sorte que les continuités, hiatus, décalages et chevauchements engendrés par leur simultanéité soulignent le désir qu’éprouve l’enfant d’énoncer un discours cohérent sur le temps, l’espace, l’image et l’identité.

— Near Miss, 2005
Film 35 mm couleur et son, transféré sur DVD, 5 ’25

Near Miss est la deuxième d’une nouvelle série d’oeuvres, qui traitent de la perception, des coïncidences et de la phénoménologie de la mémoire. Dans la mesure où le film tente de reconstituer un événement survenu voilà dix ans sans autre témoin que la cinéaste elle-même, il soulève la question de la communication objective de souvenirs subjectifs.

Near Miss se compose de trois prises de vues quasi identiques. Chaque fois, la caméra est placée à l’intérieur d’une voiture qui semble rouler dans la nuit sous une tempête de neige. Des balises d’autoroute et un panneau de signalisation défilent sur la droite, tandis que l’on aperçoit au loin les feux arrière rouges d’une autre voiture.

Au bout d’une minute environ, la voiture commence à déraper, fait une embardée, puis un tête-à-queue et recule avant de s’arrêter enfin. L’écran devient noir pendant plusieurs secondes, après quoi, une autre prise commence. Chaque prise s’accompagne d’une bande-son différente, et chacune révèle de subtiles variations dans les détails de sa réalisation.

Le film est présenté en même temps, mais jamais dans le même espace, que de grandes photos de tournage en couleur où l’on voit un break Volvo orange monté sur un chariot de travelling et équipé de tout un dispositif compliqué de câbles et projecteurs, à l’intérieur d’un studio de prise de vues. La salle est pleine de résidus vaporeux produits par les machines à neige et à brouillard. Dans le fond, on découvre les talus de neige artificielle et un faux panneau de signalisation.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Maxime Thieffine sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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