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Explorations psychédéliques en France, 1968 – ∞

28 Nov - 08 Mar 2009

Conçue à partir d’un corpus exceptionnel d’archives, d’objets et d’oeuvres, cette exposition témoigne de l’expérience psychédélique en France.

Lili Reynaud Dewar
IΔO, Explorations psychédéliques en France, 1968 – ∞

 » IΔO « , entre installation, scène et sculpture, est une tentative d’exposition de l’expérience psychédélique. À partir d’une exploration inédite de la constellation d’artistes actifs en France à partir de la fin des années 1960, une équipe curatoriale pluridisciplinaire, en collaboration avec l’artiste Lili Reynaud Dewar, mêle à un corpus exceptionnel d’archives, d’objets et d’oeuvres un programme foisonnant croisant films, concerts, rencontres et projets spécifiques d’artistes.

Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artistes puise aux sources du psychédélisme historique pour amener ce que l’on a pu appeler troisième révolution psychédélique – la deuxième étant l’émergence de la culture électronique à la fin des années 1980. IΔO constitue dès lors le premier éclairage jamais porté sur le psychédélisme entendu depuis le contexte français et ses nombreuses ramifications internationales. Se fondant sur la notion d’expérience, IΔO propose la traversée, trois mois durant, du psychédélisme d’hier et d’aujourd’hui. Un festival de trois jours, rassemblant près de trente formations musicales et associant projections, lectures et conférences inaugurent la manifestation les 28, 29 et 30 novembre 2008 dans la spectaculaire nef du CAPC.

Le terme «psychédélique», signifiant étymologiquement «rendre clair, visible» ou «libérer l’esprit» apparaît aux Etats-Unis dès la fin des années 1950 pour décrire l’effet d’altération de la perception que produisent certains psychotropes: l’ouverture des portes de la perception. De la modification de la conscience à la transformation des consciences, c’est au coeur des révoltes des années 60 que le terme est globalement diffusé. Dans l’ensemble des domaines de la culture, de multiples artistes tentent alors de restituer l’expérience psychédélique par différentes médiations. Or, si ces dernières années plusieurs manifestations ont pris le parti du contexte anglo-saxon, aucune ne s’était encore intéressée à la réalité de cette scène envisagée depuis la scène en France.

Ainsi  » IΔO « , dont le nom est inspiré des paroles d’une chanson du groupe de rock psychédélique Gong, base son approche sur cette expérience singulière, aux confluences de la musique, de l’écriture et de la poésie et du happening, de l’art, du cinéma et de la télévision, du graphisme, du design, des comics, de la presse indépendante et de la mode. Cette méthodologie permet, d’un point de vue historique, de reconfigurer un réseau de relations historiques à l’intérieur de la scène artistique de l’époque, d’un point de vue muséal de reconsidérer des expériences majeures parfois laissées pour compte car elles n’ont laissé que peu de traces matérielles, ou encore de réévaluer un certain nombre de projets esthétiques considérés comme sous-culturels.

C’est principalement au travers de la scène, domaine du vivant, de la communauté et du désir de l’oeuvre d’art totale, que se cristallise la notion d’élargissement de la conscience. On parlera donc plus volontiers d’expérience psychédélique que de psychédélisme en général: il n’y a pas d’art psychédélique, seulement des expériences. A l’encontre de toute notion de style, loin des clichés du Flower Power ou du Summer of Love, le psychédélisme en France est une expérience des limites, multiple, hétérogène et foncièrement expérimentale.

L’installation de l’exposition dans la nef du CAPC, conçue par l’artiste Lili Reynaud Dewar, s’articule alors autour d’un dispositif scénique que l’équipe curatoriale nourrit d’histoires, de documents, d’indices et d’évènements. Il constitue la colonne vertébrale des différents volets du projet: au sein de scènes triangulaires, d’yeux-mandalas et d’une série d’affiches disséminées au sol, remettant l’archive en circulation, l’exposition active un ensemble de traces : documents d’archives, objets et oeuvres d’art. Il s’agit dès lors de travailler tous les états possibles du matériau documentaire – l’original ou la reproduction, le collage et le montage, le poster ou la projection – pour en prolonger les résonances au travers d’une série d’oeuvres et d’interventions contemporaines.

Loin d’un regard rétrospectif ou nostalgique sur le sujet, le projet considère cette histoire comme une grille de lecture pour aujourd’hui. Au coeur de l’exposition, un dense programme d’événements donne à expérimenter les multiples ramifications du psychédélisme. L’ouverture d’IΔO est l’occasion d’un festival de trois jours, proposé dans la nef du CAPC, avec près de trente concerts de formations musicales historiques et contemporaines, mêlant collaborations inédites, projections de films rares et rencontres. Parfois l’espace, délaissé, comme en attente, est habité par ses seules reliques, présence corporelle fantomatique créant le trouble quant à son statut entre exposition, scène et installation. Animé par des concerts exceptionnels, un large programme audiovisuel retraçant l’ensemble de l’histoire artistique de la période et de nombreuses conférences, témoignages et lectures, cet espace constitue un outil expérimental pour tenter d’exposer ce qui fait singularité de l’expérience psychédélique.

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