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Études pour le portrait de Pierre-François

05 Juin - 31 Juil 2020
Vernissage le 05 Juin 2020

Comment portraiturer fidèlement l’adolescence ? Jérôme Zonder relève le défi dans son exposition « Études pour le portrait de Pierre-François », présentée à la Galerie Nathalie Obadia. Il déconstruit le visage enfantin de l’un de ses personnages emblématiques, Pierre-François, jusqu’à lui donner une apparence monstrueuse et loufoque, torturée et embarrassée, qui reflète au mieux cette période de transition vers l’âge adulte.

L’artiste français Jérôme Zonder est connu pour ses dessins en noir et blanc de grande envergure. Diplômé des Beaux-Arts, il a présenté son travail dans plus d’une dizaine d’expositions, y compris plusieurs monographies, telles que « Fatum » (Maison rouge, 2015), « The Dancing Room » (musée Tinguely, Bâle, 2017) ou « Jérôme Zonder » (Château de Chambord, 2018). Après avoir accueilli son exposition « Des Homos Sapiens » en 2018, la Galerie Nathalie Obadia présente désormais « Études pour le portrait de Pierre-François ».

«Études pour le portrait de Pierre-François», portrait d’un enfant du siècle

Qui est ce Pierre-François ? C’est l’une des trois figures créées par Jérôme Zonder dès 2009, dans sa série de dessins « Jeu d’enfants ». Pierre-François, Baptiste et Garance, dont les noms font référence aux personnages des Enfants du Paradis, sont tous nés dans les années 2000. Jérôme Zonder explore à travers eux l’époque contemporaine, souvent dans ce qu’elle a de plus violent, morbide et chaotique.

« En 2009, une montée de violence me semblait palpable. J’ai commencé une série consacrée aux enfants du siècle, alors âgés de neuf ans, autour du thème de leur anniversaire les faisant rejouer des événements de l’actualité récente, où violence, enfance, cruauté et amour s’entremêlaient », explique Jérôme Zonder. Au fur et à mesure que les années passèrent, le dessinateur fit grandir ses personnages dans ses expositions. En 2017, il présentait dans « Garance, dernier volet » la fillette devenue jeune femme, luttant pour sa liberté dans un monde sexiste.

«Études pour le portrait de Pierre-François», l’adolescence, état de déconstruction et de rapiècement 

Désormais, c’est au tour de Pierre-François de grandir. Dans l’exposition « Fatum » de 2015, Jérôme Zonder le représentait sous les traits d’un jeune garçon au visage triste, d’une manière hyperréaliste Dans ses « Études pour le portrait de Pierre-François », ce même dessin est repris puis déformé, déconstruit, déstructuré. L’apparence de l’enfant devient monstrueuse et loufoque, en raison d’un visage où se superposent les traits de différentes créatures, humaines ou animales, dessinées dans des styles très variés. Pierre-François se voit ainsi doté tantôt d’un œil de crocodile hyperréaliste, tantôt d’un simple petit œil rond de bande dessinée.

Le dessin Pierre-François #10 représente le personnage assis sur un lit ; sa taille fait deviner qu’il est désormais adolescent. Mais il apparaît comme une créature composite : d’une jambe à l’autre, il ressemble à un adolescent vêtu d’un jogging, puis à un personnage de la Commedia de l’arte ; un de ses bras rappelle le trait de Picasso, tandis que des morceaux de visages aux dimensions incohérentes lui forment une figure rapiécée. De quoi refléter l’âge ingrat et le mal être qui en découle, tant corporellement que mentalement. Ces superpositions donnent l’impression de collages, bien qu’il s’agisse de dessins faits au fusain et à la mine de bois, qui démontrent une nouvelle fois la grande maîtrise technique de Jérôme Zonder.

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