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Etc n°93. Éphèmère

De l’installation à la création d’environnements ou de paysages sonores, on assiste à de nouvelles pratiques d’art reposant sur le temporaire, le passager, l’éphémère. Etc propose de s’interroger sur la remise en question par les artistes du«désir d’éternité».

Information

  • @2011
  • 2937-2-527400-281-8
  • \10€
  • E88
  • Zoui
  • 4français/anglais
  • }225 L - 295 H

Présentation
Lyne Crevier, Daniel Poulin, Marius Tanasescu, Christian Roy, Jean Gagnon, Anne Cauquelin, Didier Arnaudet, Patrick Poulin
Etc n°93. Éphémère

L’éphémérité n’est-elle pas l’expérience de tous les instants? À l’instant même, nous respirons et voilà qu’un nouveau souffle annule le précédent. Ainsi, tout à la subjectivité du moment, l’éphémère pousse à l’agir. Histoire d’arpenter l’espace, de «bien accueillir l’esprit de la vague, accepter le fluant et le flottant, une vie passage pourtant essentielle qui trouve dans l’élément aquatique sa réalité et sa métaphore». En ce début du XXIe siècle, la généralisation du jetable fait figure de cliché, hérité en droite ligne du ton alarmiste des écologistes des années 1960. L’obsolescence des objets d’aujourd’hui est un secret de polichinelle. Le marché du travail s’aligne également sur ce fait avéré: nommément, la précarité générale dans laquelle baignent les producteurs-consommateurs de biens. Pareil contexte vacillant incite à la cohabitation de diverses tendances, laquelle s’applique quasi sans heurts, du moins dans la sphère de l’art actuel. Tant et si bien que la culture de l’instabilité privilégie le recyclable, le rejouable contre le durable. L’archivage est le maître mot de ce monde du «ici et maintenant» de l’événement artistique, lequel pourrait ne pas être enregistré. Ce que Nicolas Bourriaud appelle fort à propos «une esthétique du désencombrement, du vidage du disque dur.»

Une telle inconstance se retrouve aussi bien dans l’environnement virtuel que dans le contexte urbain ou domestique. Ainsi, les photographies de Gabriel Orozco cadrent des sculptures éphémères ou des compositions collectives dénichées dans les interstices de l’espace public. Des riens: un sac de plastique en suspension, de l’eau qui s’échappe d’un ballon éventré, à l’instar d’un Chih-Chien Wang avec ses images prégnantes de chou chinois fleuri ou de brindilles ensachées de pellicule transparente. Une telle évanescence éveille également un écho auprès de Catherine Bodmer, avec ses images saisissantes de flaques d’eau sur le point de s’évaporer; on pense aussi à l’arbre esseulé, enraciné dans un lieu hostile ou encore à Isabelle Hayeur et à ses Paysages incertains. Giuseppe Penone souhaite, lui, que «l’éphémère s’éternise», alors que son art fragile découvre des traits sinueux dans le marbre ou le bois… tout près de disparaître.

SOMMAIRE
— Mine de rien (Lyne Crevier)
— La terre est passée (Daniel Poulin)
— Chronique du temps pressant (Marius Tanasescu)
— Précaire monument aux fluides ambiants: une plongée dans l’oubli avec Lani Maestro (Christian Roy)
— Jouer l’éphémère au corps. Dramaturgie de l’éphémère et de la trace dans la création instrumentée de Pierre Hébert (Jean Gagnon)
— Ce que (me) dit le Fragment 6 d’Héraclite (Anne Cauquelin)
— Michel Schweitzer (Didier Arnaudet)
— Shary Boyle. Enfance et histoire: le nouvel insolite folk (Patrick Poulin)