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ETC Montréal n°67

Seconde partie du dossier sur le violence et l’art vu du Canada. Sujet à débats s’il en est, cette thématique inépuisable mêle points de vue critiques (rôle des médias, performance, culture de masse) et illustration par l’exemple (Katarína Kúdelová, Atsa). Sans oublier l’actualité des expositions de là-bas (Montréal, Québec, Boston) et d’ici (Paris, Lausanne).

— Directrice de la rédaction : Isabelle Lelarge
— Parution : sept.-nov. 2004
— Format : 18,50 x 30 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 82
— Langues : français, anglais
— ISSN : 08357641
— Prix : 7,72 €

Éditorial : le « confort » occidental
par Isabelle Lelarge (p. 4)

ETC Montréal s’intéresse, depuis deux numéros, à la question de la violence liée aux arts visuels, ce n’est certes pas par souci d’aller dans le sens du vent et de récupérer une tendance, mais bien de questionner notre environnement socio-politique, en lien avec ce qui inspire les créateurs.

Cependant, peut-on vraiment parler de tendance en traitant de ce qui n’est pas une mode mais, malheureusement, davantage un mode de vie. Car nous côtoyons tous la violence, celle que nous découvrons encore plus sourde qu’un torrent de honte, comme celle qui saigne et que les médias nous renvoient continuellement, tant et si bien qu’on se demande si ces images feront toujours effet ? Voire si elles engendreront toujours de la répulsion et des dynamiques de rejet ? Et si c’était l’inverse ? Si la violence affichée partout était devenue banale et ne nous touchait plus ? Et si la violence ne nous faisait plus mal, à nous Occidentaux toujours en quête d’assurance ? Est-il possible de penser qu’au fur et à mesure que notre époque nous livre ses horreurs, l’intolérable ne franchisse plus certaines zones de notre cerveau ? Ce sont des questions qui n’offrent aucune perspective de réponse. À moins que…

À moins que les créateurs ne nous réveillent, puisqu’ils ont le pouvoir de le faire. Le pouvoir de faire des images parfaites, comme des actions cinglantes. Dans ce numéro, nous présentons des créateurs qui, eux, ont (encore) des réactions. Ils sont imprégnés parla violence et par l’abondance (!) des sujets qui foisonnent dans ce secteur de la société ou de la vie. Leurs œuvres ou actions sont là indéniablement pour exprimer, dénoncer, crier ou taire. Il n’en tient qu’à nous de les remarquer au lieu de les ingérer mollement, comme tout ce qui nous vient des médias et qu’on recrache trop vite.
Certains créateurs usent du langage de la violence et d’autres la chuchotent. Est-il nihiliste de croire en ce pouvoir, même si je ne pense pas qu’une fois informée je pourrais empêcher de se produire quoi que ce soit qui se trouve être hors de mon contrôle ?

(Texte publié avec l’aimable autorisation d’Isabelle Lelarge)