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Et le monde changea

L’historien Eric Hobsbawn propose dans ce recueil de textes un portrait intellectuel de Marx, ainsi qu’un panorama fascinant du marxisme et de sa réception. Il revient sur les différentes influences de cette idéologie à travers plusieurs textes clés et démontre que Karl Marx est un penseur incontournable pour se confronter aux enjeux du XXIe siècle.

Information

Présentation
Eric Hobsbawn
Et le monde changea

Dans ces études de l’évolution et de l’impact posthume de la pensée de Marx, l’historien Eric Hobsbawm nous montre comment une œuvre intellectuelle, une philosophie — le fruit le plus radical de la culture occidentale — a pu mûrir et s’incarner, après la mort de son auteur, dans un immense mouvement politique.

Après s’être penché sur ses influences, et avoir présenté avec clarté les «classiques» de Marx et Engels, du Manifeste communiste aux Grundrisse, Eric Hobsbawm entreprend d’analyser la réception de ce corpus de pensée, qui relève bien plus du «work in progress» que du bloc monolithique.
Il nous offre notamment la possibilité de prendre conscience de toute l’importance d’Antonio Gramsci. Ayant toujours à l’esprit son rapport tragique à la révolution et au socialisme réel, Hobsbawm retrace le destin complexe, ambigu, tumultueux du marxisme au fil du siècle.

L’un des grands mérites de cet ouvrage est de montrer que la lecture de Marx et l’analyse du marxisme ne peuvent se voir enfermées ni dans un débat pour ou contre, ni dans les territoires politiques et idéologiques qu’occupent les multiples courants marxistes et leurs adversaires. Il n’a jamais été plus urgent de décloisonner Marx et le marxisme.
Et le monde changea convaincra le lecteur que Karl Marx est un penseur indispensable pour se confronter aux enjeux du XXIe siècle.

«On ne peut pas dire que Marx mourait en 1883 sur un échec, car ses écrits avaient commencé à avoir un impact réel en Allemagne, et particulièrement parmi les intellectuels en Russie, et parce qu’un mouvement mené par ses disciples était déjà sur le point de s’emparer du mouvement ouvrier allemand. Mais en 1883, vraiment peu de choses témoignaient de l’œuvre de sa vie. Il avait écrit certains pamphlets brillants et le «torse» d’une œuvre majeure inachevée, Das Kapital, travail qu’il n’avait guère pu avancer durant la dernière décennie de son existence. «Quels travaux?» demandait-il amèrement quand un visiteur l’interrogeait sur ses travaux. L’effort politique majeur qu’il avait fourni depuis l’échec de la révolution de 1848, ladite Première Internationale de 1864-73, avait échoué. Il n’occupait aucune place significative dans la politique ou la vie intellectuelle de l’Angleterre, où il passa plus de la moitié de sa vie en exilé.

Et pourtant, quel extraordinaire succès posthume! Dans les vingt-cinq ans qui suivirent sa disparition, les partis politiques de la classe ouvrière européenne fondés sur son nom, ou qui reconnaissaient son influence, recueillaient entre 15 et 47% des votes dans les pays pratiquant des élections démocratiques — l’Angleterre étant la seule exception. Après 1918, nombre d’entre eux devinrent des partis de gouvernement, et pas seulement d’opposition, et le restèrent après la fin du fascisme, mais la plupart s’empressèrent alors de désavouer leur inspiration originelle.»

Sommaire
— Avant-propos
Première partie: Marx et Engel
— Chapitre I: Marx aujourd’hui
— Chapitre II: Marx, Engels et le socialisme prémarxien
— Chapitre III: Marx, Engels et la politique
— Chapitre IV: Sur le Manifeste communiste
— Chapitre V: Découvrir les Grundrisse
— Chapitre VI: Aventures et mésaventures des écrits de Marx et Engels
Deuxième Partie: Le Marxisme
— Chapitre VII: Dr Marx et les critiques victoriens
— Chapitre VIII: L’influence du marxisme (1880-1914)
— Chapitre IX: A l’ère de l’antifascisme (1929-1945)
— Chapitre X: Gramsci
— Chapitre XI: La réception de Gramsci
— Chapitre XII: L’influence du marxisme (1945-1983)
— Chapitre XIII: Le marxisme en récession (1983-2000)
— Chapitre XIV: Marx et le travaillisme: le siècle long