PHOTO

Ernesto Casero

PLeïla Elyaakabi
@07 Déc 2010

Après avoir exposé en Espagne et en Amérique latine, Ernesto Casero présente son travail pour la première fois en France à la galerie Métropolis. Son œuvre, située entre le psychédélisme et l’anticipation, semble être un jeu d’illusion. En nous leurrant avec ses créations faussement scientifiques, l’artiste ouvre la voie d’une perception en abîme.

C’est avec une pointe de mystère qu’on découvre les œuvres d’Ernesto Casero. Le dialogue entre réalité et artifice y est déconcertant. Depuis Platon, la philosophie a défini l’art comme l’imitation sublimée de la Nature. Notre peintre semble se servir ironiquement de ce concept pour nous montrer que la réalité peut dépasser nos perceptions sensibles.

La série composée de grandes toiles peintes à l’huile présente des formes abstraites imitant des matières organiques végétales. Des fibres et des sphères colorées s’entremêlent dans une configuration parfaitement symétrique, plane ou plus aléatoire.
Dans Armophosintaxis, le contraste des teintes chaudes (orange, rose) et froides (vertes, bleues) fait l’effet d’une thermovision. Certaines œuvres font hésiter entre la vue microscopique et la représentation de plantes: dans Plantitas et Plantitas II, on retrouve le volume et la texture d’une plante grasse, alors que Sin titulo semble représenter une orchidée bleue sur fond de motifs psychédéliques. Par la technique employée et par le sujet, Ernesto Casero nous renvoie à une réalité connue, une vision probable de la nature, tout en conférant à son sujet une esthétique artificielle.
Alors que l’ordinateur tend à remplacer la création manuelle, ces toiles obéissent à une pratique inverse: l’artiste fabrique un modèle en trois dimensions, le photographie, scanne l’image et la colore à partir du spectre chromatique informatique, avant de la reproduire en peinture.

C’est dans une même vision ambiguë que s’inscrit la série Plastiniliasis. Sur des toiles de petits formats sont dessinées à la pierre graphique des formes embryonnaires plus ou moins sphériques. L’objet en noir et blanc apparaît par contraste sur une toile assombrie à la pierre graphique, ce qui valorise son relief. Chaque «corps» semble en suspension dans un espace indéfini et illimité, le noir étant par définition — en tant que non couleur — une expression du néant. L’unicité de l’objet dans la toile et le fond noir en font un sujet d’observation et d’attention. Là aussi l’identification est difficile, on pense à des micro-organismes cellulaires ou à des extra-terrestres. Le sujet ainsi non identifié provoque un sentiment de mystère, voire d’inquiétude.
La même technique que pour la première série est employée ici: modelage à base de plastiline, d’où le nom de l’exposition, puis traitement informatique de l’image qui sert de modèle au dessin.

On retrouve cette démarche fantastique dans une vidéo conçue à partir d’un scénario catastrophe d’anticipation. Un des micro-organismes issu de la série Plastiniliasis provoque une épidémie planétaire, au nom angoissant d’«encéphalyte amibienne primaire». Dans ce prétendu reportage télévisuel, se succèdent des documents scientifiques qui illustrent la propagation du virus en augmentant le malaise du spectateur.
Le nom pseudo-savant de l’épidémie est composé, en forme de dérision, par la contraction de divers noms de maladies diffusés par les médias durant ces dernières années.

La clé de l’exposition semble résider dans la série Verdadero / Falso (vrai/faux en espagnol) composée d’œuvres dessinées à la mine de plomb. Ces tableaux démontrent encore l’intérêt d’Ernesto Casero pour les registres fantastique et de science fiction. Artefacts publicitaires, démonstrations visuelles paranormales, disproportions anatomiques ou combinaisons insolites invitent à remettre en question son expérience visuelle.
L’aspect flou des dessins fait intervenir le passé et altère la perception afin de mieux laisser l’imagination combler le mystère. La question du vrai ou du faux y apparaît sous forme de mots ou d’énigmes visuelles. Tandis qu’un miroir met en abîme la perception, à sa surface la question «Real or not?» vient se superposer sur les reflets de la réalité.

A l’ère de l’image et de la médiatisation, Ernesto Casero propose de s’affranchir un moment de la croyance au visible. C’est en assumant son rôle d’illusionniste qu’il participe, en tant qu’artiste, à une réflexion philosophique sur le rapport de l’individu au monde. En effet, à travers ses Å“uvres, on fait l’expérience de la mutation d’un univers instable, grâce aux illusions picturales qui remettent en cause la fiabilité de nos perceptions sensibles.

— Micopanespermia, 2010. Oleo/lienzo. 200 x 160 cm.
— Amorphosintaxis, 2010. Oleo/lienzo. 200 x 160 cm.
— Negro, necro, nekros, 2010. Oleo/lienzo. 200 x 160 cm.
— Peyote eater, 2010. Oleo/lienzo. 160 x 240 cm.
— Plantitas, 2007. Oleo/lienzo. 140 x 200 cm.
— Plantitas II, 2007. Oleo/lienzo. 140 x 200 cm.
— Sin título, 2008. Oleo sobre lienzo. 115 x 150 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010, Lápiz carbón /papel, 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 55 x 80 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Plastiliniasis, 2010. Lápiz carbón/papel. 30 x 40 cm.
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2008. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel
— Série Verdadero/Falso, 2010. Grafito/papel

AUTRES EVENEMENTS PHOTO