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Eric Duyckaerts

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Expo Belge partie deux. Après l’exposition porcino-gothique de Wim Delvoye, son compatriote, le pince-sans-rire Eric Duyckaerts, présente des installations concepto-discursives.

L’art contemporain, c’est comme une finale de tennis féminin à Roland Garros. Quand deux Belges se rencontrent, le pays se scinde en deux. D’un côté ceux qui parlent français, de l’autre les Bataves. Après la rencontre Justine Henin / Kim Clijsters sur le central, la galerie Emmanuel Perrotin accueille un spectacle d’une autre ampleur. Après le Flamand Wim Delvoye, c’est au tour du Wallon Eric Duyckaerts de reprendre la balle au bond. Retour gagnant pour cet artiste qui représente son pays réunifié à la Biennale de Venise. Au programme de ce set parisien, humour, décalage, surréalisme, poil à gratter et machines aériennes évitant de tourner en rond.

Expo belge partie deux. Après une exposition porcino-gothique septentrionale, voici venu le temps d’un vernissage concepto-discursif méridional. Après le prolifique Delvoye, voici le pince-sans-rire Duyckaerts. Après l’art de la basse-cour et du temps des cathédrales, voici venu le temps de l’agora ubuesque.

Eric Duckyaerts occupe le pavillon belge à Venise, tout comme Sophie Calle, autre artiste de la maison, qui, elle, représente la France. Un joli tour de force qui récompense la maturité de la galerie et sa pugnacité.

A Paris, l’exposition d’Eric Duyckaerts sert de caisse de résonance à son actualité transalpine.
Son monde nous accueille par des circonvolutions. Sa planète si particulière, s’aborde à travers des anneaux placés en orbite, sortes de mannequins suspendus par des fils, comme autant de marionnettes de ses envies, pantins en prise avec ses démons, ses contradictions. Les étoiles dansent, les jeux de mots valsent comme des astéroïdes, tout se percute dans ce big bang en lévitation, dans cette genèse moins galactique que dialectique.

Star Wars laisse place à Star Words. Les jeux de mots éclipsent la guerre des étoiles. Il ne reste plus dans le ciel voûté qu’un champ de ruine sémiotique sur lequel fleurit un désordre ordonné. Chaque élément est classé et rangé. A chacun sa chacune. A chaque représentation son vis-à-vis et son chacun pour soi. L’artiste reprend à son compte l’adage de Cocteau qui nous encourage devant le désordre du monde à feindre d’en être les organisateurs.

Avec Malice, Eric Duyckaerts classe des couples sexuels comme le féminin/masculin ou nationaux comme l’Écosse et les Pays-Bas. Suspendu à des cordes à linges, l’artiste fait sécher ses idées. Il les laisse vagabonder dans les airs, juste au-dessus de nos têtes. Elles sont à portée de main, à deux jets d’esprit.

Quatre cerceaux posés à plat, tenus par des fils flottent dans la galerie. Ces anneaux de Saturne servent à la fois de frontière et de présentoir à toute sorte d’associations d’esprits et de symboles caricaturaux, outranciers et drôles. Humeur vagabonde quand tu nous tiens…
 

Eric Duyckaerts
— Masculin, féminin…, 2007. Aluminum, 28 various elements. 100 x 235 x 235 cm.
— Comète, flèche…, 2007. Aluminum, 16 various elements. 85 x 160 x 160 cm.
— Hollande, Ecosse…, 2007. Aluminum, 20 various elements. 90 x 170 x 170 cm.
— Tricycle, 2007. Screen print on Arches paper, frame, DVD. 65 x 85 cm.

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