ART | EXPO

Equinoxe

27 Mar - 25 Avr 2015
Vernissage le 27 Mar 2015

Arina Essipowitsch est photographe et Maxime Chevallier est sculpteur. Dans leurs œuvres, la solitude rayonne. Ces deux artistes ont une vie commune, d’amitié, de vie. Pour «Equinoxe», ils ont choisi de tisser autant de ficelles possibles entre leurs propositions artistiques, pour faire surgir le fond commun de cette aventure, des entrecroisements.

Maxime Chevallier, Arina Essipowitsch
Equinoxe

L’équinoxe n’est qu’un moment éphémère. Entre la nuit et le jour, c’est un déséquilibre incessant. Allons nous plus vers le jour ou vers la nuit? Ou vers d’étranges mélanges, d’étranges fictions du temps et de la lumière comme des arrangements pour emplir l’air?
Chaque détail est pour l’un et l’autre des deux artistes de cette exposition tout le risque d’un atome qui viendrait équilibrer la lumière — et par là, saisir son obscurité.
L’un, Maxime Chevallier est sculpteur, et c’est sa façon d’envisager le dessin, comme l’effet des effets de l’espace. L’autre, Arina Essipowitsch est plutôt photographe (elle est aussi peintre); elle ne cesse de faire tomber la distance des corps pour nous faire toucher la peau du temps.

Entre eux deux, c’est le jour et la nuit, l’ordre et le désordre, l’immobilité contemplative et le mouvement; mais on ne peut les assigner selon ces polarités qui, en fait, ne tiennent pas et sont perpétuellement déboussolées. L’oxymore d’une éclipse est là aussi: la violence d’une rencontre entre des opposés, comme toute rencontre amoureuse.
Dans ces deux Å“uvres, la solitude rayonne. Mais Arina Essipowitsch et Maxime Chevallier ont une vie commune, d’amitié, de vie. Ils tisseront alors autant de ficelles possibles entre leurs propositions, où surgira le fond commun de cette aventure, des entrecroisements.

Et d’abord celui-ci: Arina photographie Maxime, sous le kaléidoscope coloré des vitraux d’une église, ou lors d’une sieste qu’il fait dans la nature, près d’une falaise.
Les portraits de ses amis et ses autoportraits sont souvent pris dans la peau des vitres et les taches des miroirs. Qui donc, sinon Francesca Woodman ou Nan Goldin, avait donné à l’image son poids d’affect, son ressort désirant, et d’inavouable fantasme de chambre où s’est fait l’amour? Arina Essipowitsch fait vibrer le dehors par la passion des corps dont elle exalte l’instant. L’intimité et la nudité sont la densité d’un temps sentimental fugace, toujours en devenir. Le biographème reste le point central et intraitable, qui pulvérise toute théorie.

Dans les dessins ou les formes déployées de Maxime Chevallier on ressent une sorte de stase. Il a une attirance pour des lieux comme les églises, pour leur calme. Il ne faudrait pas conclure à un mysticisme ou une tendance contemplative. Il y a des vibrations, des bougés, qu’un tel cadre permet de mieux ressentir, comme les secousses d’un chaos et d’un rythme secret au creux de la matière qu’il va retranscrire — pour s’effrayer ensuite, à en pleurer, des retranscriptions qu’il fait, et qui ont toute la dureté, la teneur et la terreur d’un savoir. Quel séisme de l’inconscient s’est écrit là? Et avec ces trombones souples qu’il vient de trouver, va-t-il tromboner les images d’Arina Essipowitsch? Tromboner l’équinoxe?

Tous deux ont le même rapport à l’habillage, qui passe par une multiplicité qui pourrait tenir d’Arlequin. Chacun de leur vêtement renvoie à une histoire différente (Maxime Chevallier), ou à une époque différente (Arina Essipowitsch). L’unité de l’être chère à l’ancienne philosophie est réduite à des lambeaux, qui sont autant de fragments vivants.
Tous deux embarquent, avec cette exposition, dans le même voyage immobile, avec l’horizon d’un désir qui les travaille, de ce qui serait une résidence dans un train pour un long voyage, sur le transsibérien par exemple, où ils seraient comme Joan Fontaine et Louis Jourdan dans Lettre d’une inconnue de Max Ophüls.

Maxime Chevallier et Arina Essipowitsch sont sortis de l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence avec le DNSEP 2014.

Vernissage
Vendredi 27 mars 2015 à 18h

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