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Entropie

05 Nov - 08 Jan 2005
Vernissage le 05 Nov 2004

Représenter les fantasmes et les pulsions morbides à travers une esthétique baroque. Choquer le spectateur qui, en regardant un intérieur standard, découvre une scène d’une cruauté insoutenable (cannibalisme, meurtre, torture) dans laquelle son visage se reflète.

Communiqué de presse
Julien Sirjacq
Entropie

À partir du 4 novembre et pour une durée de deux mois, le niveau I de la galerie Eva Hober est totalement investi par les derniers travaux de Julien Sirjacq. Au niveau inférieur, Emilie Benoist, Simon Bernheim, Lucie Chaumont, Axel Pahlavi, Michaël Schouflikir et Jérôme Zonder présentent chacun une pièce qui, comme il a été établi en une sorte de concordance tacite, fait écho ou pas – la liberté de chacun étant évidemment l’un des principes intangibles du fonctionnement de cette galerie – et de façon plus moins explicite aux thèmes abordés dans l’exposition individuelle.
Ce qui s’apparente à une exploration dantesque et extrêmement rythmée des bas-fonds silencieusement enfantés par notre modernité, se décline en trois parties, distinctes à la fois par la forme et par le sujet, mais reliées entre elles par des réseaux de correspondances dans lesquels le spectateur se trouve entraîné, jouant avec ses perceptions et l’interpellant sans cesse sur ses propres bas-fonds. Une pièce constituée d’un assemblage de plaques de métal reproduit les différentes pièces d’un appartement meublé selon les standards du design Ikea ou Habitat. Mais au milieu de ce décor impersonnel et familier, se déroulent des scènes d’une insoutenable cruauté : sévices sexuelles, tortures, meurtres, cannibalisme. Dans une esthétique où se mélangent références au cinéma de genre, aux faits divers tels qu’ils sont traités dans la presse à sensation et à la théâtralisation propre à la littérature du marquis de Sade, Julien Sirjacq poursuit une réflexion sur la représentation symbolique de ce que s’échine à enfouir la société occidentale. En surimpression des scènes d’horreur grand-guignolesques, le spectateur découvre le reflet de sa propre image renvoyée par la surface polie de la plaque de métal.
Cette discrète citation de l’esthétique baroque se manifeste formellement dans une autre pièce, composée d’un épais cadre argenté que nulle toile ne vient remplir. Outre cette nouvelle expérience autour du reflet, à laquelle le spectateur n’a pas tellement d’autre choix que de prendre part, en projetant dans cet espace vide ce que l’observation du cadre surchargé de motifs lui suggère, Julien Sirjacq figure une mémoire figée, pétrifiée dans une sorte de gangue organique. Entreprise contradictoire puisque la mémoire est en perpétuelle transformation, mais c’est justement à l’intérieur de cette glaise originelle, de ce placenta qui brasse et ressasse indéfiniment les éléments hétérogènes, à la fois personnels et universels, dont l’enfance de l’artiste mais aussi la notre s’est nourrie, que la mémoire se détermine, c’est à partir de ce terreau dans lequel s’est formé l’imaginaire enfantin qu’elle se développe.
La musique apparaît comme un élément fondamental du travail de Julien Sirjacq et l’un des deux tableaux qui constitue le troisième pôle de son exposition, vient en quelque sorte en donner témoignage. Cette tentative d’illustration du travail de John Zorn, musicien new yorkais prolifique dont la démarche consiste justement à tisser des connexions subjectives entre la musique et la peinture, le cinéma, la littérature, et à restituer à travers la musique des images qui font échos à ces différentes formes d’expressions, prolonge ce qui tout au long de l’exposition prend l’allure d’un jeu entre le visiteur et ce qu’il regarde. Celui-ci est à la fois spectateur, happé par les réseaux proliférants mis en place par l’artiste, et acteur, artisan actif de ces réseaux qu’inévitablement lui aussi fabrique puisque les Å“uvres auxquelles il est confronté n’ont de cesse de lui renvoyer son image, de le renvoyer à ce qu’il est, de l’interpeller sur ses fantasmes, ses pulsions morbides, voyeuristes – on n’a pas évoqué le nom de Marcel Duchamp dont la présence est évidemment ici tutélaire – et l’invite, d’une pièce à l’autre, à mettre en relation ce qu’il vient de voir avec ce qu’il voit maintenant, reflet d’une réalité secrètement tapie.

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