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Entre utopie et réalité

21 Juin - 28 Juil 2012
Vernissage le 21 Juin 2012

Claude Parent choisit de présenter une cinquantaine de dessins, d’innombrables visions utopiques dont la récurrence des thèmes (mouvement, migration, déroulement, spirale) se retrouve également dans son œuvre construite d’architecte. Une partie de ses œuvres mène ainsi une réflexion sur le thème très actuel de la migration.

Claude Parent
Entre utopie et réalité

Claude Parent, né en 1923 à Neuilly-sur-Seine, est l’un des architectes modernistes les plus respectés de France, membre élu de l’Académie des Beaux-Arts et de l’Académie d’Architecture de Paris. En 1953, son penchant pour les contours avant-gardistes le conduit auprès de Ionel Schein, avec qui il monte son agence. Dès le début des années 60, l’architecte s’impose à lui-même une rupture par la mise en crise du formalisme d’une certaine continuité spatiale. L’apparition de la fracture et de la discontinuité dans son langage le mène à initier un nouveau vocabulaire porté par une grande inspiration utopique.

Ses créations se nourrissent de multiples rencontres dont Nicolas Schöffer, qui lui inspire l’architecture Spaciodynamique, Lionel Mirabaud et surtout, le théoricien Paul Virilio. C’est avec ce dernier qu’il imagine le concept de «fonction oblique». Il cherche ainsi à redéfinir nos espaces de vie en édifiant des bâtiments perturbateurs, aux sols et aux murs inclinés.

L’expérimentation est son champ d’investigation permanent. Des bâtiments faits de rampes, de pentes, d’angles, privés d’ameublement — l’espace lui même est censé déterminer la surface. Des concepts tels que «mur», «sol», «au-dessus», «en dessous» sont écartés de leur signification première. Les relations sociales sont dynamisées par l’oblique et par une compréhension de l’espace pleine d’humour et de spiritualité.
Avec l’intervention de la «fonction oblique» Claude Parent devient l’un des plus importants utopistes sociaux dans l’histoire récente de l’architecture, avec des étudiants comme Jean Nouvel. Claude Parent est proclamé comme héros de la déconstruction, comme l’un des premiers à appliquer la théorie de Jacques Derrida en architecture: un système existant est désassemblé et réassemblé en un nouveau, une manière moins structurée. Il se rapproche également du peintre Yves Klein au début des années 1960, avec qui il met au point un urbanisme de l’air et de l’espace. En 1979, c’est la consécration pour l’artiste. Le Grand prix national d’Architecture lui est remis et la Présidence de l’Académie d’architecture lui est confiée.

Pour son exposition «Entre utopie et réalité», Claude Parent choisit de présenter une cinquantaine de dessins, d’innombrables visions utopiques dont la récurrence des thèmes (mouvement, migration, déroulement, spirale) se retrouve également dans l’œuvre construite.

Dans une partie de ces dessins, Claude Parent mène une réflexion sur le thème très actuel de la migration. Il invente ainsi une utopie urbaine dont l’objectif est de faciliter ces migrations. S’en suit des dessins de routes ponctuées de grandes haltes: abris pour y séjourner quelques jours sans s’y sédentariser, hôpitaux de fortune, belvédères pour prendre de la hauteur et regarder l’horizon, pôles protecteurs de la culture et de la connaissance… Ces routes mènent à des dessins de villes sédentaires dont l’urbanisme fluide ne joue pas de confrontation avec ces flux migratoires.

Alors que certains dessins proposent une réflexion sur l’importance de l’Horizon, et sur l’absence de lumière dans les villes, dû aux grandes constructions verticales, d’autres font référence à l’architecture de la villa d’André Bloc. Projet qui a été réalisé par Claude Parent en 1959 sur une façade rocheuse. Telle une excroissance volcanique qui jaillit de la roche, cette villa repose seulement sur trois points d’appui sur le sol, laissant le vide préserver la continuité du terrain. Claude Parent s’amuse aujourd’hui à redessiner le projet initial de cette villa, qui se voit ouverte à une multitude de nouvelles possibilités plus en accord avec notre époque. Il présente également une maquette de la villa.

Ponctué de ruptures et de rebondissements, l’ensemble de son Å“uvre reflète les mutations du milieu architectural français et international depuis le début des années 50. Il n’est que de rappeler certains de ses projets pour se convaincre de la radicalité et de la cohérence d’une vaste pensée sur l’art et l’architecture: les maisons expérimentales conçues avec Ionel Schein (1952-1955), les collaborations avec André Bloc et les artistes du groupe Espace au début des Trente glorieuses, la Maison d’André Bloc (1959-1962), la Maison de l’Iran (1960-1968), la Maison Drusch (1963), l’église-bunker Sainte Bernadette du Banlay (1963-1966) réalisée avec Paul Virilio, les supermarchés de béton brut, les interventions urbaines et les actions culturelles des années 1970-1973, le travail d’insertion paysagère des centrales nucléaires pour le compte d’EDF, les commandes publiques pour l’Éducation nationale ou encore le Pavillon français de la Biennale de Venise (1970). Son Å“uvre s’expose en 2010 à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris.

Vernissage
Jeudi 21 juin 2012

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