ART | EXPO

Enrico Castellani

14 Sep - 15 Déc 2013
Vernissage le 14 Sep 2013

Enrico Castellani utilise la toile, jouant avec son élasticité à l’aide d’arceaux ou de clous. La surface existe à part entière, elle «est». Le mouvement n’est ni figuré, ni évoqué, ce sont les surfaces qui, se modulant grâce à leurs reliefs, captent les mouvements de l’espace par des jeux d’ombre et de lumière.

Enrico Castellani

Quand Enrico Castellani ouvre avec Piero Manzoni la galerie Azimuth à Milan, en 1959, ils éditent deux numéros de la revue du même nom et y développent les notions de «la nouvelle conception artistique» qui n’est ni un mouvement, ni un manifeste puisqu’ils se refusent à l’inscrire dans un courant de pensée artistique quel qu’il soit. Cette génération d’artistes se dégage du climat d’anxiété et de malaise existentiel d’après-guerre, sans pour autant participer à l’optimisme de la reconstruction lié à l’évolution industrielle et qui entraîne une course à la consommation.

Au-delà des questions de représentation, d’expression ou d’abstraction, il s’agit de rompre avec l’idée même de composition —sachant qu’elle existe déjà avec la présence d’une simple tache ou d’une bichromie— afin d’exclure toute possibilité d’interprétation.

Enrico Castellani utilise des matériaux évidents, traditionnels afin d’éviter que le résultat ne devienne un objet de contemplation: il conserve ainsi l’utilisation de la toile et joue avec son élasticité à l’aide d’arceaux ou de clous, exerçant une poussée ou enfonçant la surface.

En créant ces reliefs, l’artiste ne cherche pas à donner une forme mais élabore un système répétitif d’un tableau à l’autre: ces éléments multipliés à l’infini, ainsi que la monochromie, permettent à l’artiste d’échapper aux dimensions tangibles de la superficie de l’objet pour aller vers la mesure du temps.

La surface existe à part entière, elle «est». Le mouvement n’est ni figuré, ni évoqué par la peinture, mais ce sont les surfaces qui, se modulant grâce à leurs reliefs, captent les mouvements de l’espace par des jeux d’ombre et de lumière. Enrico Castellani définit ses surfaces comme «objet d’assimilation instantanée»: elles agissent comme un révélateur dans la relation espace—spectateur.

Pour l’artiste il ne s’agit pas de déformer l’espace mais de le structurer de manière à ce que l’on puisse le percevoir et en jouir sensoriellement. Ces surfaces, en tant qu’éléments de compositions, «ne font plus partie du domaine de la peinture ou de la sculpture, et comme ils peuvent assumer le caractère de monumentalité de l’architecture ou redimensionner l’espace, ils sont le reflet de cet espace intérieur total, privé de contradiction, auquel nous aspirons».

Enrico Castellani. Des surfaces de lumière, de rythme et d’espace. Naissance et développement d’un langage
«Si l’art d’Enrico Castellani a été marqué ces dernières années par ses «surfaces» chromatiques bi-angulaires, des créations inédites et audacieuses dont la luminosité fait penser à des icônes dorées libérées de toute référence figurative religieuse, une attention croissante est portée à l’exemplarité de la trajectoire esthétique de l’artiste, qui depuis les années 50 a fidèlement conservé sa tension sémantique et poétique.

Cette exposition, où ses œuvres partagent l’espace avec celles de Günther Uecker, qui l’accompagne dans son aventure artistique depuis l’époque de «ZERO» et d’«Azimuth», met en scène des œuvres datant des années 58-60, mais également des créations plus récentes, présentées à Londres à la galerie Haunch of Venison en automne 2009, lors d’une exposition où les travaux de Castellani et d’Uecker étaient comparés entre eux et avec ceux de Flavin et Judd. Par ailleurs, l’activité de Castellani, comme celle d’Uecker, laisse transparaître depuis quelques années la volonté de soumettre ses morphologies, et donc la nature de l’espace créé, à de brusques changements de direction tout à fait surprenants et porteurs d’innovations problématiques.

Nous nous intéresserons en premier lieu aux deux aspects majeurs mis en relief dans cette exposition. Le premier concerne le renouvellement extraordinaire et la constance de l’invention picturale et plastique dont fait preuve Castellani depuis plus d’un demi-siècle, dans la modulation dématérialisée des surfaces. Le second porte sur le caractère totalement imprévisible du travail de Castellani. En effet, bien qu’ayant appliqué fidèlement et régulièrement sa méthode, qu’il a établie en tant que norme, il a parfois dérogé à la règle en créant des variantes qui soulignent à la fois les principes créateurs de son travail et aboutissent à des résultats inédits et pour le moins surprenants.»

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