Cette page a été un peu chahutées en passant de l’ancien au nouveau site, les corrections sont en cours.  
Non classé

Enlève ton masque

06 Fév - 03 Mar 2007

Audrey Nervi présente une nouvelle série de toiles où se dessinent les traces paradigmatiques d’un monde en souffrance, en folie, que l’artiste parcourt sur un mode résolument engagé.

Communiqué de presse
Audrey Nervi

Enlève ton masque

Audrey Nervi est une peintre comme on n’en fait plus guère : attentive au réel, capable de débusquer ses secrets, d’un pinceau implacable. Âprement liée au monde, son esthétique emprunte à la photographie sa précision ravageuse et parfois ses filés de lumières, mais la dépasse en s’offrant le moelleux et la distance que permet la peinture.

Son inspiration, elle la trouve en s’engageant dans un questionnement négligé, à mille lieues des formalismes contemporains. Depuis ses débuts, il y a une dizaine d’années, Audrey Nervi retient de ses voyages et de son quotidien, marqué par le monde de la techno, ce que tous les autres négligent ; elle y voit ce qui nous est invisible. Thaïlande, Cambodge, Albanie, Bulgarie, Turquie : chaque année, pendant plusieurs mois, elle quitte l’atelier pour partir respirer, et traquer le motif inattendu. Elle en revient pour témoigner, jamais indifférente aux soubresauts de la planète. Mais, plutôt que d’en figer les éclats, comme le ferait un journaliste, elle en fixe les détails. Elle sait, surtout, dénicher le politique dans ses infiltrations quotidiennes, plutôt que dans ses grandiloquences : pour elle, il peut trouver place dans un magasin de farces et attrapes autant que dans des manifestations anti-CPE, ou dans l’affrontement entre des «teufeurs» techno et des CRS. S’efforçant de débusquer un au-delà à ces apparences qui font notre quotidien, préférant les marges au centre, ses oeuvres s’offrent d’abord comme des évidences, avant de déployer leur sens à plusieurs niveaux. Soigneusement composée, chacune se dessine en métaphore, comme nous le révèle l’une d’entre elles, qui pourrait s’avérer clef de lecture : le portrait qu’elle a réalisé d’Albert Hoffman, inventeur du LSD. Derrière ce visage simple, on peut lire une invitation à percevoir le monde sous d’autres angles, à dépouiller notre regard de ses tics.

Jouant de références empruntées aux médias ou au cinéma (de Kill Kill Pussycat à Requiem for a Dream), cette série nouvelle est jalonnée d’images poétiques ou légères : une silhouette d’éléphant s’enflamme sur un échafaudage, une jeune femme se promène avec une bouée autour de la taille, un singe fait de la provoc du fond de sa cage… Mais la plupart font directement référence à l’actualité. Aveuglement des médias, soumission à la pensée unique, espoirs de l’altermondialisme, évocation des questions d’intégration ou du sort réservé aux SDF dans nos sociétés… Toutes ces problématiques hantent sa peinture. C’est dans cette oscillation entre politique et poétique que cette oeuvre montre toute sa profondeur. Autrefois restreintes à des formats plutôt réduits, ses toiles ont pris aujourd’hui une autre dimension : pour la première fois, elles couvrent tout un mur. Mais la technique est toujours aussi frappante et spectaculaire. Et les tableaux relèvent, plus que jamais, du combat. Ensemble, ils esquissent une exploration de la nature humaine, dans sa complexité.

critique

Enlève ton masque

AUTRES EVENEMENTS Non classé