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En déplacement

16 Mai - 13 Juil 2013
Vernissage le 16 Mai 2013

Les photographies de Yann Delacour sont regroupées en une synthèse nommée «En déplacement» où la présence du corps est omniprésente que ce soit dans ses autoportraits à la tête de glaise, dans sa quête d’installations éphémères dans les rues, ou encore dans ses photos de travailleurs isolés dans des cages de verre et autres espaces clos.

Yann Delacour
En déplacement

« En déplacement » s’intéresse, à travers trois séries photographiques, à la question du corps: celui de l’artiste à travers ses autoportraits, aux installations réalisées par différents corps de métiers dans les rues de Paris afin de garder une place pour un véhicule et à travers ces portraits d’individus pris dans le cadre de leur fonction professionnelle.

La question du corps est flagrante dans ses autoportraits à la tête de glaise qui associent la démarche photographique à celle du sculpteur. Mais Yann Delacour traverse aussi les rues de Paris pour repérer les installations naturelles, souvent éphémères, que travailleurs de la rue ou boutiques installent sur la voie publique dans le but de garder des places pour un véhicule. Fictions spatiales que l’artiste «re-présente» dans une ultime mise en place photographique, se réservant juste le droit de l’angle du cadrage.

Autre «corpus» de son approche, celui des travailleurs anonymes enfermés dans ces cages de verre, vitrines, espaces clos ou restreints des grands ensembles architecturaux. Pions anonymes posés là comme des sculptures de chair avec pour unique fonction d’accueillir les visiteurs ou de préserver la tranquillité des espaces intérieurs qui s’ouvrent derrière eux, parfois à travers un reflet ou un écran lumineux, qu’ils soient parkings, bureaux, sièges, cabines ou postes de renseignements divers. Cet ensemble de figures pris sur le vif rejoint sa mise en espace des trottoirs aux installations vacantes, en ce qu’elle apporte de l’attention à ce qui n’est jamais remarqué (ou peu remarquable).

Ce qui trouble assez rapidement l’attention est cette frontière qui semble osciller entre photographie quasi documentaire et photographie plasticienne. Là où le sujet semblerait s’inscrire dans le cadre d’une photographie dite plasticienne par exemple dans ces derniers autoportraits où l’artiste se recouvre la tête entièrement de terre afin de la modeler ou plus précisément pour la «démodeler», Yann Delacour nous donne à voir ce geste dans le cadre d’un état des lieux, dans une photographie «docu plasticienne», ou l’identité semble autant se construire que de se déconstruire.

Et c’est cette oscillation, cette vibration qui prend également forme dans les autres séries. Les installations prises dans les rues de Paris sont autant des gestes de sculpteur que des gestes d’un ouvrier qui devra vite mettre en place un dispositif économique contextualisé pour garder la place pour son véhicule. D’ailleurs, certaines installations sont réalisés par l’artiste lui même dans un jeu de permutation, où l‘activité de l’autre devient extension de sa propre activité.

Et c’est cette même logique qui prend forme dans la série des portraits pris eux aussi dans les rues de Paris: hôpitaux, bureaux de poste, le siège de l’ONU, parkings, église, zoos … où finalement à travers toutes ces sphères d’activité, des individus se retrouvent face à eux mêmes dans une architecture à la fois mentale et subjective qui interroge la nature de la relation que nous entretenons avec l’autre dans la sphère publique.

Et cette oscillation entre état des lieux interne et externe vient véritablement démonter et questionner l’état de l’œuvre à la fois dans une démarche documentaire et dans une recherche formelle plastique. Cette oscillation crée également un déplacement permanent du point de vue et de l’identité, alors que précisément tous les sujets sont totalement figés dans l’espace.

Yann Delacour travaille à Paris dans un petit atelier de quelques mètres carrés, la rue devenant par la force des choses son atelier à ciel ouvert et créant une articulation entre mondes intérieurs et extérieurs.

Membre du réseau Adèle.

Vernissage
Jeudi 16 mai 2013 à 18h30

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