PHOTO

Emmanuel Régent. Pendant qu’il fait encore jour/ While it’s Still Day

Le travail d’Emmanuel Régent s’inscrit dans la lenteur, le manque, l’absence. Connu pour ses dessins, volontairement lacunaires et toujours réalisés au feutre noir et fin, il développe également une pratique sculpturale et picturale. Ce catalogue monographique revient sur son protocole artistique à travers trois textes critiques et des vues d’expositions.

Information

Présentation
Rudy Riciotti, Patrice Joly, Rébecca François
Emmanuel Régent. Pendant qu’il fait encore jour/ While it’s Still Day

Il développe une œuvre composée de techniques mêlant classicisme et protocoles technologiques de pointe. Connu pour ses dessins, volontairement lacunaires et toujours réalisés au feutre noir et fin, l’artiste développe également une pratique sculpturale et picturale. Ses toiles, titrées Nébuleuses, sont constituées de différentes strates de peintures monochromes qu’il ponce par endroits de façon à révéler les couleurs dissimulées. Il multiplie les possibles d’une production à géométrie variable autour des notions d’absence, de recouvrement et d’effacement.

L’ouvrage emprunte son titre à la série de dessins éponyme qui représente des villes contemporaines en ruines et des vestiges archéologiques réalisés au feutre noir sur papier blanc. Elle fait allusion au romantisme pictural mais également à la culpabilité que génère la beauté des images de catastrophes.

Cet catalogue monographique est publié à l’occasion de l’exposition «L’aube incertaine» d’Emmanuel Régent, présentée au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur à Marseille, du 5 juillet au 30 août 2014.

«Emmanuel Régent privilégie un rapport au monde qu’il développe à travers une multitude de pratiques pour répondre à des projets spécifiques: la plupart de ceux-ci proviennent de rencontres dues au hasard (comme une pierre immergée aperçue lors d’une plongée) et déboucheront nécessairement sur l’utilisation du médium ad hoc (en l’occurrence ici la sculpture). Il n’est lié à aucun d’entre eux de manière absolue même si l’on retrouve chez lui une très forte propension à la peinture ou au dessin, encore que cette affinité envers ces deux-là corresponde plus au désir d’une exploration formelle très poussée à un moment donné qu’à l’affirmation d’une identité de peintre ou de dessinateur: une démarche proche d’un Francis Alÿs, faite de déambulation à travers les accidents du paysage, de la ville, de la destinée, en quête d’événements mais sans pour autant les provoquer, dans une attitude de grande réceptivité.

Quand bien même Régent semble fortement marqué par la proximité de la mer et de ses reliefs, c’est encore parce que la côte participe du décor de son existence et qu’il lui a semblé naturel de retranscrire l’extraordinaire “graphogénie” de sa découpe via le médium le plus immédiat dans sa mise en œuvre: question d’adéquation entre une forme projetée et le temps de sa réalisation, de correspondance entre le lent travail du dessin au trait et les allées et venues journalières du promeneur le long du littoral, entre l’infinie patience nécessaire au remplissage des vides et l’incessant labeur du ressac…

On retrouve cet épuisement dans les gestes de son art envisagé désormais comme un véritable travail — au sens étymologique de pénibilité — plutôt que comme une source de plaisir: le ponçage de la toile lestée par les épaisseurs d’acrylique (Nébuleuse) renvoie à un travail physique intense, loin de la caresse du pinceau aux accents beaucoup plus sensuels, la répétition du feutre nécessaire à la composition du dessin entre en résonance avec la dimension sisyphienne de la boule d’aluminium (Décisif) dont la fabrication nécessite elle aussi plusieurs heures de roulage.»
Patrice Joly

Sommaire
— L’ombre des idées, par Rudy Riciotti
— Courants contraires, par Patrice Joly
— L’hypothèse d’un voyage, par Rébecca François
— Œuvres
— Biographie
— Remerciements
— Version anglaise